Ce sera un train vert sombre avec des bandes violettes et des aplats blancs. Concurrent sérieux de la SNCF, la néo-compagnie ferroviaire privée Proxima a dévoilé conjointement avec le constructeur Alstom les photos d’une rame Avelia Horizon habillée aux couleurs de cette entreprise ferroviaire. Au passage, on a appris le nom définitif de celle-ci, Velvet.
On peut lire cette opération de com’ organisée le 1er juillet comme un pied de nez à la SNCF puisqu’il s’agit du même modèle de rames que celles commandées par l’entreprise publique qui ronge son frein.
En raison d’un parc de trains insuffisants, SNCF Voyageurs rate des ventes, ne pouvant répondre à toute la demande notamment sur l’axe Paris-Bordeaux. Comme par hasard, c’est justement le marché où se positionne Proxima-Velvet (avec Paris-Rennes et Paris-Angers).
La SNCF qui a conçu ce « TGV du futur » avec Alstom lui en a commandé 115 exemplaires, dont elle comptait exploiter les premiers avant les JO de l’été 2024. Las, le constructeur accusant beaucoup de retard, ce sera au mieux pour le premier trimestre 2026.
Vis-à-vis de Proxima-Velvet – société créée par Rachel Picard l’ancienne Madame TGV de Guillaume Pepy et par le britannique Tim Jackson – le fabricant a pris l’engagement de commencer en 2028 la livraison des 12 rames achetées par ce nouveau client. Et gare aux dérapages du calendrier.
La SNCF n’est pas la seule à expérimenter l’arrivée de la concurrence privée sur le marché domestique de la grande vitesse. Avec un client d’un profil nouveau financé par un gestionnaire de fonds d’investissement par Antin qui injecte 1 milliard d’euros dans l’entreprise, le fournisseur joue gros. « La pression exercée par Proxima est très forte. La formule de calcul des pénalités de retard prévue au contrat est sans commune mesure avec ce qu’on a pu connaître, on risque de perdre toute la marge assez vite si les jours de retard s’accumulent » croit savoir un cadre du constructeur. « La SNCF nous met également sous pression, les risques financiers sont grands, mais Alstom et la SNCF forment un vieux couple qui finit souvent par s’arranger » continue-t-il.
Face à ce défi, Alstom France piloté par Frédéric Wiscart a pris le taureau par les cornes en revoyant son organisation industrielle. 150 millions d’euros investis dans les principales usines (Belfort, la Rochelle, Valenciennes) afin d’augmenter les capacités de production doivent permettre d’honorer un rythme de livraison dans l’immédiat de 15 rames par an à la SNCF. Tout en livrant au concurrent de la compagnie publique ses 12 modèles sur l’année 2028 dont la fabrication a débuté.
Marc Fressoz