Le marché des bus et des cars en 2024 : entre stabilité et mutation énergétique

30 01 2025 | Actualités

L’année 2024 marque un tournant pour le marché des bus et des cars en France. Si les chiffres révèlent une relative stabilité des immatriculations, l’évolution vers des motorisations alternatives transforme progressivement le paysage. Face aux défis de la transition énergétique, les acteurs du secteur oscillent entre prudence et engagement vers des solutions plus durables.

Le segment des bus urbains a connu une légère croissance après deux années de recul, avec 1 623 immatriculations en 2024, soit une hausse de +2,5 % par rapport à 2023. Un signal encourageant dans un marché marqué par des ajustements constants liés aux renouvellements de flotte et aux politiques publiques incitant à la transition énergétique.

En revanche, le marché des mini-bus affiche une baisse marquée, tombant à 127 unités contre 409 en 2023, soit une chute vertigineuse de -68,9 %. Ce segment, caractérisé par des volumes historiquement faibles, subit une contraction qui reflète la difficulté des collectivités et opérateurs privés à investir dans ces véhicules.

Le marché des cars interurbains et de tourisme reste, quant à lui, relativement stable avec 3 655 unités immatriculées en 2024, soit une très légère baisse de -0,7 %. Malgré un contexte économique incertain, la reprise des déplacements longue distance et l’essor du transport régional contribuent à maintenir ce segment à flot.

Si les ambitions en matière de décarbonation sont clairement affichées, les chiffres montrent que la mutation énergétique du secteur des bus et des cars reste inégale.

Dans le segment des bus urbains, la tendance est claire : 90 % des ventes devront être à zéro émission d’ici 2030, et 100 % en 2035. En 2024, l’électrique représente déjà 35,5 % des nouvelles immatriculations, un bond significatif par rapport aux années précédentes. Le gaz, autre alternative plébiscitée ces dernières années, recule légèrement à 17,9 %, tandis que le diesel, autrefois ultra-dominant, chute à 46,6 %.

Pour les cars interurbains et de tourisme, la transition est plus timide. Le diesel reste largement majoritaire, représentant 86,6 % des immatriculations en 2024. Le gaz peine à s’imposer, avec seulement 10,7 %, et l’électrique, bien que doublant sa part de marché, ne représente encore que 1,1 % du total. Ce retard s’explique par les contraintes techniques et infrastructurelles qui freinent l’adoption de motorisations alternatives sur les longues distances.

Le segment des mini-bus, quant à lui, connaît une révolution plus radicale. En 2024, près de la moitié des immatriculations se font en énergies alternatives, une mutation portée par les politiques d’accompagnement des territoires et la volonté de réduire l’empreinte carbone des transports de proximité.

Les objectifs fixés par la réglementation européenne sont ambitieux : réduction de 43 % des émissions de CO₂ pour les bus et cars d’ici 2030, puis 90 % en 2040. Si la dynamique est bien engagée pour les bus urbains, les défis restent considérables pour les cars interurbains et de tourisme, qui nécessitent des avancées technologiques majeures en matière d’autonomie et d’infrastructures de recharge.

En parallèle, l’évolution des financements et des aides publiques jouera un rôle clé dans cette transition. En 2025, un mécanisme de suramortissement devrait être mis en place pour les véhicules électriques et hydrogène, facilitant l’investissement des opérateurs.

Dans ce contexte, le marché des bus et des cars navigue entre prudence et innovation. Si la transition est engagée, elle reste encore inégale selon les segments, et la question du financement des infrastructures demeure centrale. Une chose est sûre : les transports collectifs sont appelés à jouer un rôle majeur dans la décarbonation de la mobilité, et le défi de l’après-diesel ne fait que commencer.

Pierre Lancien

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