200 acteurs montent au créneau pour la défense du GNV. Dans une tribune publiée le 5 mai, transporteurs et utilisateurs réagissent à la proposition de règlement dévoilée le 14 février par la Commission européenne, fixant à 2030 pour les bus et à 2040 pour les poids lourds (dont les cars) l’arrêt de la commercialisation de véhicules thermiques. Fédérations professionnelles, transporteurs, chargeurs, producteurs et distributeurs, syndicats d’énergie, collectivités locales… les signataires alertent les pouvoirs publics sur «les obstacles pratiques qui mettent en péril une transition écologique juste et équilibrée». Ils défendent une technologie mature, qui permet de répondre aux contraintes d’exploitation et, dans le cas du bioGNV, de réduire de 80% les émissions de GES comparé à un diesel Euro 6 (analyse en cycle de vie). Or, en choisissant de mesurer les émissions au pot d’échappement, la Commission européenne pénalise le bioGNV, et ne distingue pas l’électricité renouvelable de celle produite à partir de charbon, ni l’hydrogène bas carbone de sa version fortement carbonée.
«L’efficacité opérationnelle globale d’une flotte et du service qu’elle rend est primordiale : la charge utile, les temps de ravitaillement et l’autonomie sont des paramètres qui ont un impact considérable sur la planification des itinéraires et la gestion des conducteurs. De ce fait, certains cas d’usage de transport routier resteront difficiles à électrifier. La première alternative du mix énergétique, le bioGNV, répond à 90% des missions de transport. Il est déjà plébiscité par de nombreux acteurs : en 2022, un bus sur deux, un autocar sur 4 et 5% des poids lourds ont été immatriculés en France au BioGNV/GNV. S’en passer serait déraisonnable», peut-on lire dans la tribune. Pour les transporteurs comme pour les autorités organisatrices, l’échéance de 2030 pour les bus urbains et celle de 2040 pour les cars implique de lourds investissements non seulement dans les flottes mais aussi dans les dépôts et les infrastructures d’avitaillement. De plus, les solutions technologiques sont encore en phase de développement pour les véhicules lourds et la longue distance. Accélérer la transition vers l’électromobilité pourrait, comme pour les véhicules légers, revenir à soutenir indirectement l’achat de véhicules produits en Asie, au détriment de l’industrie européenne.
S. G.