7,7 Md€ de chiffre d’affaires (en hausse de 10%) et un résultat net de 20 M€. En dépit des tensions sur l’énergie, qui ont pesé pour 82 M€, et sur les recrutements, les incertitudes liées à la crise sanitaire ont disparu: Transdev est revenu en positif en 2022, après une perte de 162 M€ en 2021. Le groupe continue en outre à réduire son endettement de 81 M€ (700 M€ cumulé sur les trois dernières années), et conserve une capacité d’investissement malgré l’achat de First Transit en Amérique du Nord: «Nous avons encore de la marge de manœuvre pour de nouvelles acquisitions, en France et à l’international, déclare Thierry Mallet, président de Transdev. Avec la remontée des taux d’intérêt, les activités du transport deviennent moins intéressantes pour les fonds d’investissement. Il y a donc une véritable fenêtre de tir». Transdev, qui réalise déjà 65% de son chiffre d’affaires hors de France, va encore accroître son implantation aux Etats-Unis et au Canada avec la prise de contrôle de First Transit, qui représente un chiffre d’affaires de 2,6 Md$. L’effectif global du groupe va ainsi dépasser les 10.000 salariés. First Transit vient d’ailleurs de remporter un contrat à Las Vegas, se félicite Thierry Mallet.
Des succès qui viennent compenser les récents revers de Transdev en France, avec notamment le choix annoncé de la SNCF pour l’étoile ferroviaire d’Amiens, dans les Hauts-de-France, ou l’attribution du réseau urbain de Bordeaux Métropole à Keolis, contestée devant le tribunal administratif. Sur le dossier des TER, la prochaine étape passe par les Pays de la Loire, où le résultat de la compétition est attendu cet été. Transdev se console avec sa (relativement) bonne résistance en Ile-de-France, où l’opérateur conserve 40% de parts de marché sur les marchés de grande couronne, et a présenté des offres sur les premiers lots de bus parisiens ouverts à la concurrence. Sans oublier le gain du 1er téléphérique urbain francilien, le Cable 1 qui doit être mis en service en 2025 dans le Val-de-Marne. Pas de visées sur le Grand Paris Express, puisque Transdev officie en tant que shadow operateur pour conseiller la Société du Grand Paris et Ile-de-France Mobilités dans le choix des attributaires. «Le choix de séparer infrastructure et exploitation n’a pas de sens pour un métro automatique, où toute la valeur réside dans la qualité de la connexion entre les rames et le Poste de commande centralisé», souligne Thierry Mallet.
En matière de transition énergétique, Transdev continue à opérer la conversion des flottes qu’il opère, en lien avec les autorités organisatrices. Le groupe devrait ainsi faire circuler 3000 bus électriques dans le monde à la fin 2023, dont 400 en Colombie. Une problématique plus complexe à aborder dans l’interurbain, où Transdev réalise près de 30% de son activité. «Il vaudrait mieux passer du zéro émission au zéro empreinte, souligne Thierry Mallet. En fonction du mix énergétique, le bilan du bus électrique n’est pas forcément vertueux». Dans l’interurbain, où l’offre de véhicules reste insuffisante, Transdev s’est notamment engagé dans le rétrofit hydrogène en Normandie, où le car transformé attend toujours son homologation. Dans la même région, l’opérateur accompagne la Métropole de Rouen dans le renouvellement de sa flotte de 300 véhicules, dont la moitié seront à faible émission en 2026. Sur le même réseau, Transdev a mis en place le passage au 35 heures sur 4 jours afin de rendre le métier de conducteur plus attractif.
Sandrine Garnier