Le COI fait peau neuve : un nouvel élan pour le financement des transports
C’est à Marseille, sous le soleil d’un mois de mai déjà politique, que le Premier ministre a lancé la conférence nationale sur le financement des transports. Dans le même mouvement, le gouvernement a discrètement remis en ordre de marche le Conseil d’orientation des infrastructures (COI), en renouvelant enfin sa composition. Attendu depuis un an, ce geste vient rappeler que derrière les effets d’annonce se cachent des architectures patientes et des arbitrages de long terme.
Officiellement institué par la loi d’orientation des mobilités (LOM), le COI a pour mission d’éclairer les choix de l’État en matière d’investissements de transport, à travers des avis stratégiques sur les priorités à moyen et long terme. Il agit comme une boussole dans le brouillard budgétaire. Encore fallait-il qu’il soit doté de ses navigateurs : le précédent mandat, daté de janvier 2021, avait expiré dans un silence administratif.
À sa tête, pas de surprise : David Valence est reconduit pour trois ans. Président de la commission Transports, Mobilités et Infrastructures du conseil régional Grand Est, élu reconnu pour sa maîtrise des enjeux ferroviaires et intermodaux, il continuera d’animer une instance dont le rôle est plus crucial que jamais. C’est lui qui aura la lourde tâche d’orchestrer les travaux d’un conseil appelé à arbitrer entre ambition climatique et réalité budgétaire, entre attente citoyenne et faisabilité technique.
À ses côtés, huit autres personnalités ont été nommées, choisies « en raison de leurs compétences en matière de transport et de mobilité, d’évaluation économique, d’aménagement du territoire, d’environnement et de financement public ». Parmi elles, Alain Grizaud, président de la Fédération nationale des travaux publics, endosse la fonction de vice-président. La rapporteure générale sera Alice-Anne Médard, haute fonctionnaire chevronnée, passée par l’inspection générale de l’environnement.
Le casting est soigneusement équilibré : des élus locaux comme Sylvain Laval (Grenoble Métropole) ou Franck Dhersin (Hauts-de-France), des représentants d’intérêts sociétaux comme François Deletraz (Fnaut) et Geneviève Laferrère (France Nature Environnement), des voix issues du monde académique ou professionnel. Deux eurodéputées, Isabelle Le Callennec (PPE) et Fabienne Keller (Renew), siégeront à titre consultatif pour assurer le lien avec les politiques européennes.
Ce nouveau COI est attendu au tournant. À l’heure où les infrastructures vieillissent, où les mobilités rurales cherchent leur souffle, où la planification écologique demande des arbitrages douloureux, il devient le lieu discret mais essentiel d’une diplomatie de l’investissement. Entre financement de lignes ferroviaires, modernisation des réseaux routiers, et développement des mobilités actives, le COI devra faire des choix. Pas seuls, mais éclairés.
Derrière cette remise en route, il y a donc une promesse : celle d’un État qui reprend la main sur ses outils d’anticipation. Et peut-être aussi une mise en scène de la méthode : concertée, transpartisane, experte. Reste à voir si les arbitrages suivront les recommandations, ou si, comme souvent, le COI restera un phare éteint dans la tempête des finances publiques. Pour l’heure, il est rallumé.
Pierre Lancien