Face à l’afflux incessant de voyageurs et au manque criant de places dans les TER de la région bordelaise, une solution innovante émerge : les lignes de cars express. Moins coûteuses et rapides à déployer, ces lignes permettent de répondre à une demande de mobilité qui ne cesse de croître dans un territoire en pleine expansion démographique.
La métropole bordelaise connaît un essor fulgurant. Chaque matin, des milliers de voyageurs convergent vers le cœur de Bordeaux. Lors d’une matinée type, en novembre 2023, plus de 134 000 trajets ont été comptabilisés vers le centre, alors que l’offre des TER plafonnait à 14 600 places, réparties sur 26 trains. Ce déséquilibre manifeste entre l’offre et la demande a poussé les autorités locales et les opérateurs de transport à chercher des alternatives viables.
Les cars express, déjà éprouvés dans d’autres régions, se sont imposés comme une évidence. Relier rapidement Bordeaux à des communes périphériques comme Créon ou Blaye offre une réponse concrète aux besoins pressants des habitants
L’un des principaux atouts des cars express réside dans leur coût et leur flexibilité. Contrairement à la construction de nouvelles infrastructures ferroviaires, souvent longues et onéreuses, les lignes de cars peuvent être mises en place rapidement. Le réseau routier existant devient un levier pour offrir une solution immédiate et efficace.
En outre, ces lignes sont pensées pour être compétitives en termes de temps de trajet. En empruntant des voies rapides ou des itinéraires optimisés, elles permettent aux usagers de rejoindre Bordeaux sans les désagréments d’un trajet ferroviaire saturé.
Si l’idée de privilégier la route peut sembler à contre-courant des ambitions écologiques actuelles, il est important de noter que ces cars express s’inscrivent dans une logique durable. Modernes et souvent équipés de motorisations plus respectueuses de l’environnement, ils constituent une alternative intermédiaire en attendant que l’offre ferroviaire puisse être étoffée.
Par ailleurs, ces cars contribuent à désengorger les axes routiers classiques, en proposant une solution collective à des voyageurs qui, autrement, pourraient opter pour leur véhicule personnel.
Bordeaux n’est pas un cas isolé. D’autres agglomérations observent avec intérêt cette initiative, qui pourrait inspirer de nouvelles stratégies de mobilité. Les cars express incarnent une forme de pragmatisme face à l’urgence des besoins et à la lenteur des transformations ferroviaires.
Cette expérience soulève néanmoins des questions. S’agit-il d’une solution transitoire ou d’un modèle à pérenniser ? Quelle sera l’acceptabilité des usagers face à un mode de transport perçu comme moins prestigieux que le train ? Des débats qui, sans nul doute, alimenteront les réflexions des décideurs publics dans les années à venir.
En attendant, à Bordeaux, les cars express démontrent leur efficacité, soulignant qu’il n’y a pas une unique réponse à la problématique des mobilités, mais une pluralité de solutions à combiner pour répondre aux défis d’un territoire en mouvement.
Pierre Lancien