Paprec, Suez, Paris Terminal, Eiffage, Elis, Point P, etc. ces entreprises industrielles implantées sur le port de Gennevilliers, au nord-est de Paris, s’attaquent au problème des déplacements domicile-travail, voire professionnels, de leurs employés. Après une phase de préparation avec le bureau de conseil Incub’Ethic, qui a sondé les attentes de salariés des onze sociétés engagées dans le programme, elles viennent d’enclencher, fin mai, les actions concrètes pour les inciter à covoiturer, pratiquer l’autopartage, ou encore utiliser le vélo électrique.
«Sans moyens propres, c’est plus difficile de démarrer», analyse Brice Rouxel, animateur mobilité chez Incub’Ethic. Celle-ci met donc à disposition un parc de voitures électriques, moyennant une location de 200 € par mois assurance comprise, ou encore des vélos électriques. Dans les bureaux, des référents mobilité vont tenter de sensibiliser aux alternatives à l’autosolisme. Avec seulement 143 salariés ayant répondu au questionnaire et donc ouverts au changement, il y a beaucoup à faire. D’un peu plus de 200.000 €, le budget de ce programme baptisé Mobil’Ethic est financé à 58% par le mécanisme des certificats d’économie d’énergie, les entreprises apportant le reste.
«Gennevilliers, c’est 20 millions de tonnes de marchandises par an mais aussi 5.000 personnes y travaillant chaque jour. Jusqu’ici, les entreprises s’étaient peu saisi des plans de déplacements, constate Erwan Le Meur, président de la Communauté portuaire de Gennevilliers. Nous avons enclenché la démarche alors que le coût du carburant flambait, ce qui concourt évidemment aux problèmes de recrutement. Après l’abandon du projet de prolongement sur le port de la ligne 13 du métro, j’avais demandé que le tramway desserve les installations portuaires». En vain. «Il y a bien une navette financée par Haropa et la RATP, mais elle ne correspond pas à l’amplitude de fonctionnement du port, de 6h à 22h», complète Emeric Michel, le directeur du site Paprec.
Devant ces lacunes, à Gennevilliers, les sans-voiture s’organisent tant bien que mal. Comme cet employé des Grands Moulins de Paris qui, avec sa trottinette, parcourt en 15 minutes son trajet domicile travail, non sans risque parmi la noria de camions. «Résultat, on déplore beaucoup de blessés et même le décès d’un salarié de Thalès», pointe un industriel. Trottoirs souvent défoncés, passages piétons parfois sans feu tricolore, la marche entre le terminus de la ligne 13 et le sud du port fluvial n’est pas non plus de tout repos. On trouve certes des pistes cyclables, mais pas partout.
Incub’Ethic n’en est pas à son coup d’essai. Depuis 2020, il orchestre en France ce type de programme dans 16 zones d’activité, en ayant débuté dans l’ouest de la France. Après la phase d’expérimentation, viendra l’heure de vérité dans douze mois. L’écomobilité aura-t-elle pris racine sur le premier port fluvial d’Europe ?
Marc Fressoz