Le constructeur ferroviaire espagnol CAF vient d’engranger ses premières commandes en tant que propriétaire depuis août 2022 de l’ex-usine Alstom de Reichshoffen en Alsace, ainsi que de la gamme de trains régionaux Coradia Polyvalent. Sa filiale CAF France, présidée par Alain Picard, a annoncé le 4 avril deux contrats pour un total de 161 M€. L’un porte sur 11 rames à fournir à la région Nouvelle-Aquitaine, l’autre sur 7 trains destinés aux autorités publiques sénégalaises pour le TER de Dakar. Il s’agit en réalité de levées d’option de contrat préexistants. «Conformément aux accords en vigueur, les deux projets seront réalisés en consortium avec Alstom» précise CAF, qui «assurera la conception et l’assemblage des rames, tandis qu’Alstom fournira une partie des équipements.»
Dans le cadre du rachat de Bombardier, la Commission européenne avait obligé Alstom à céder son site alsacien tout en garantissant au nouveau propriétaire de quoi assurer la pérennité de l’usine pendant une période de transition. Autrement dit, Alstom est tenu de livrer à CAF des sous-ensembles (moteurs, bogies, etc.) des trains Regiolis qu’il avait conçus. CAF va aussi alimenter les chaînes de Reichshoffen en répartissant différemment ses commandes en cours en France. Dans le cadre de sa nouvelle organisation industrielle officialisée début 2023, il a finalement choisi d’y assembler les rames automotrices (28 fermes, 75 en option) Intercités livrables à l’Etat à partir de 2024. Cette commande devait être assurée par l’usine historique de Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées), qui a fait l’objet d’une modernisation importante pour réaliser ce contrat. Mais elle sera dédiée aux seuls tramways, un marché dynamique pour CAF.
Deux problèmes limitent la vocation pleinement ferroviaire de Bagnères : la surface réduite de l’usine et l’absence de raccordement au réseau ferré principal, obligeant à utiliser le camion pour livrer les rames. A ce jour, la réouverture des 20 km de lignes entre le site et les voies de SNCF Réseau est encore en phase de négociation. Le recrutement à Bagnères-de-Bigorre constitue un autre frein à la montée en puissance des effectifs que CAF souhaitait porter de 100 à 400 d’ici 2026.
Marc Fressoz