Nouvel épisode consternant dans le feuilleton de la succession hyper-politisée du patron de la SNCF, Jean-Pierre Farandou. Celui-ci s’apprête une fois de plus à prolonger son intérim pour une durée indéterminée alors qu’il pensait commencer une autre vie sur la côte d’Azur.
De son côté Jean Castex, qui rêve depuis longtemps de diriger la SNCF est contrarié. Quant à Marie-Ange Debon, la présidente de Keolis qu’Emmanuel Macron souhaite porter à la présidence du groupe La Poste dont le PDG sortant a terminé son mandat fin juin, elle aussi doit patienter en salle d’attente.
La raison de ce statu quo est à trouver dans la démission surprise le 6 octobre du Premier ministre Sébastien Lecornu qui, la veille, venait de former un gouvernement.
Or faute de gouvernement pour valider son issue en conseil des ministres, le processus de nomination des patrons de la SNCF et de la Poste se trouve donc enrayé.
Le Sénat qui devait auditionner Jean Castex en commission le 8 octobre a ajourné son vote, tout comme l’Assemblée nationale qui avait programmé le sien le 15 octobre. Difficile de faire des pronostics pour la suite. Si un nouveau gouvernement est formé, l’attente peut être réduite à quelques semaines, sauf s’il tombe vite. Et si le Président de la République dissout l’Assemblée, c’est l’inconnu.
Cette invraisemblable séquence s’inscrit depuis un an et demi dans une succession d’entorses aux bonnes pratiques. Reprenons le fil depuis le début.
Le 7 mai 2024, le gouvernement Attal annonce que Jean-Pierre Farandou ne sera pas reconduit à l’issue de son premier mandat qui s’achève le 13 mai. Cependant il le prolonge comme PDG intérim jusqu’à la fin des JO de 2024 après lesquels un processus de nomination sera lancé immédiatement après l’été.
Mais en juin 2024, le président de la République dissout l’Assemblée nationale, le gouvernement Barnier qui dure de septembre à décembre prolonge l’intérim de Jean-Pierre Farandou.
Au printemps 2025, la rumeur d’une nomination de l’ex-Premier ministre Jean Castex enfle. En avril, le PDG de la RATP dément devant son conseil d’administration être candidat. L’Etat finit pas suspendre le processus habituel de recrutement par sélection d’un nom parmi une liste finale.
En juin, l’exécutif fait passer le message en off auprès de deux quotidiens nationaux que la nomination de Jean Castex interviendra en novembre.
4 juillet : en fêtant ses 68 ans, Jean-Pierre Farandou atteint en principe l’âge limite mais son intérim est prolongé sine die.
Le 26 septembre, l’Élysée finit par annoncer officiellement que « sur proposition du Premier ministre », le Président de la République « envisage » Jean Castex comme PDG de la SNCF. Il fait de même avec Marie-Ange Debon pour la Poste, son avenir chez Keolis étant bouché par l’arrivée du futur ex PDG de la RATP. Les deux dirigeants se sont rudement affrontés sur un certain nombre d’appels d’offre.
Le processus de nomination prend au minimum un mois. Pour en comprendre les étapes, quoi de mieux que le mode d’empoloi fourni par Jean Castex aux « chers salariées et salariés du groupe RATP » le 26 septembre ? « Après avis de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, je serai auditionné par les commissions du développement durable de l’Assemblée nationale et du Sénat » explique-t-il dans un mail. « Si le Parlement ne désapprouve pas cette nomination, elle devra ensuite être entérinée par le conseil d’administration et l’assemblée générale de la SNCF, puis approuvée en Conseil des ministres. » ajoute-t-il. Mais le 6 octobre, un grain de sable intervient.
Moralité, Emmanuel Macron aurait nommé en juillet un PDG au profil normal, la SNCF saurait, elle, à peu près où elle va.
Marc Fressoz



