L’entreprise Ebusco, constructeur néerlandais de bus électriques, traverse actuellement une période critique, mettant en difficulté ses engagements envers la Métropole de Rouen. À peine quelques mois après l’inauguration de son usine à Cléon, destinée à fournir près de 100 bus pour l’agglomération, Ebusco fait face à de graves difficultés financières. La promesse d’une décarbonation rapide de la flotte de bus de la Métropole s’effondre alors que les véhicules électriques attendus ne sont pas livrés, obligeant Rouen à se tourner vers des bus diesel d’occasion.
Les débuts d’Ebusco en France semblaient prometteurs : une usine flambant neuve, 350 emplois annoncés, et des ambitions de produire 500 bus par an. Toutefois, les derniers rapports financiers du constructeur révèlent des pertes de près de 65 millions d’euros pour le premier semestre 2024. Face à cette crise, l’entreprise a dû supprimer des emplois, et la fermeture de plusieurs usines, dont celle de Cléon, est envisagée dans son plan de redressement.
La situation s’aggrave pour la Métropole de Rouen, engagée à hauteur de 64 millions d’euros pour ses commandes de bus Ebusco. À ce jour, seulement une poignée de véhicules a été livrée (moins de 5 selon la Métropole), bien loin des objectifs fixés. L’agglomération, qui avait fait de la transition énergétique une priorité, se retrouve à acheter des bus d’occasion diesel pour pallier les retards, notamment auprès de la Métropole de Nice, qui se débarrasse de sa propre flotte. Il s’agit de Citelis 18-diesel (des véhicules Crit’air 4) qui ne sont plus fabriqués depuis 2012.
Malgré les incertitudes, Ebusco France tente de rassurer : les recrutements à Cléon continuent, et un plan de restructuration est en cours pour améliorer la fiabilité des livraisons. Louis-René Chabannes, directeur de projets France, affirme que l’implantation en France n’est pas remise en cause, même si les promesses initiales semblent désormais hors de portée.
Pour Rouen, cette situation représente non seulement un défi financier mais aussi une remise en question de ses choix stratégiques dans la course à la mobilité verte. Les élus et gestionnaires devront redoubler d’efforts pour compenser les retards d’Ebusco et maintenir le cap vers une flotte de bus plus respectueuse de l’environnement.
PL