C’était l’un des grands rendez-vous attendus de cette fin d’année : une loi cadre sur le financement des mobilités, portée par l’État, promise au secteur, espérée par les collectivités. Mais avec la crise politique qui secoue le pays, le scénario s’assombrit. Le climat politique instable, entre démissions en cascade, majorité vacillante et calendrier parlementaire incertain, a tout simplement mis la loi… sur une voie de garage.
Et pourtant, les besoins sont criants. Le rail souffre d’un sous-investissement chronique. Le réseau routier secondaire se dégrade. Les ambitions de décarbonation exigent un plan de bataille solide et pérenne. Depuis la conférence « Ambition France Transports » au printemps, les acteurs du secteur ont clairement identifié les urgences : 1,5 milliard d’euros par an pour régénérer le ferroviaire, un milliard pour les routes, 500 millions pour le fret, sans parler des SERM, du fluvial ou de l’intermodalité. Bref, un véritable contrat de confiance était en gestation.
Mais le contexte institutionnel a balayé les derniers espoirs. Le projet de loi, initialement annoncé pour décembre, pourrait ne jamais voir le jour. Pire encore : certains élus agitent la menace d’une suppression pure et simple de l’AFITF, pilier du financement des infrastructures. Un amendement en ce sens a même été déposé dans le cadre du projet de loi de simplification économique. Le comble, quand on sait que cette agence garantit la continuité et la lisibilité de l’action publique en matière d’investissement.
Dans les territoires, les élus s’inquiètent. Comment planifier des projets à 10 ou 15 ans si l’État lui-même ne stabilise pas ses outils de financement ? Le « quoi qu’il en coûte » semble loin, et le risque est grand que le financement des transports bascule dans un brouillard d’incertitudes.
Un rapport existe, les priorités sont connues, les chiffres sur la table. Ce qu’il manque ? Une volonté politique solide. Et pour l’instant, elle semble s’être dissoute dans la tourmente.
Pierre Lancien



