« Une présence locale forte pour des réponses sur-mesure »
Mobily-Cités : Comment Bacqueyrisses adapte-t-elle son offre aux besoins spécifiques des collectivités de taille modeste, en particulier dans le contexte de la transition énergétique ?
Willy Bel : L’adaptation aux réalités de terrain est dans notre ADN. Nous savons que toutes les collectivités n’ont pas les moyens d’une métropole comme Toulouse, mais elles n’en sont pas moins concernées par les objectifs de décarbonation. C’est pourquoi nous avons choisi d’implanter nos agences au plus près de leurs bassins de vie et de mobilité. En Occitanie, nous couvrons des territoires très contrastés : à la fois des zones urbaines denses, comme l’agglomération toulousaine avec Tisséo, mais aussi des territoires à l’échelle plus modeste, comme Montauban avec la SEMTM, où les enjeux sont différents mais tout aussi cruciaux.
Au-delà de cette implantation géographique, nous avons structuré nos moyens humains et matériels pour offrir une réponse adaptée. Nos ateliers sont tous équipés pour intervenir sur les différentes technologies de motorisation : thermique, GNV, hybride, électrique… Et pour les collectivités qui ne disposent pas d’atelier ou dont les équipes ne sont pas encore formées, nous avons développé un réseau de techniciens itinérants. Ces professionnels se déplacent directement sur site, ce qui permet à la collectivité de bénéficier d’un service complet sans avoir à investir immédiatement dans des infrastructures lourdes. C’est particulièrement précieux pour des communes rurales ou des intercommunalités qui veulent amorcer leur transition énergétique sans pouvoir tout faire en interne.
Que se passe-t-il lorsqu’une collectivité vous sollicite alors qu’elle n’a pas encore les infrastructures adaptées à une nouvelle motorisation ?
C’est une situation assez fréquente, et que nous considérons comme normale. Les collectivités peuvent avoir une volonté politique claire de basculer vers des motorisations décarbonées – gaz, électricité, demain peut-être hydrogène – mais ne pas disposer immédiatement des infrastructures ou des compétences internes pour accompagner ce changement. Ce fut le cas, par exemple, à La Rochelle. La collectivité souhaitait passer au gaz, mais son réseau et ses équipements n’étaient pas encore opérationnels. De notre côté, nous étions déjà prêts : notre atelier de Rochefort était équipé de détecteurs gaz spécifiques et de tous les dispositifs de sécurité nécessaires.
Cette capacité à anticiper et à proposer une solution prête à l’emploi est un atout fort de Bacqueyrisses. Nous pouvons ainsi démarrer l’exploitation, assurer l’entretien des véhicules dans nos propres ateliers, tout en laissant le temps à la collectivité de monter en puissance, former ses équipes et mettre ses installations aux normes. Une fois cette phase de transition achevée, la collectivité peut reprendre la main avec ses propres moyens, mais toujours avec notre appui si besoin.
Cela retire une part de pression aux élus et aux techniciens locaux, qui peuvent compter sur un accompagnement robuste, sans avoir à investir dans des équipements ou des habilitations qu’ils ne maîtrisent pas encore. C’est aussi un moyen de rassurer et d’encourager les petites collectivités à franchir le pas vers la décarbonation.
Êtes-vous sollicités pour orienter les collectivités dans le choix de leur motorisation ?
Ce sont des décisions très politiques, donc nous n’intervenons pas directement dans le choix des carburations. En revanche, une fois ce choix fait, nous sommes là pour soutenir le constructeur et accompagner la collectivité à chaque étape, notamment avec des techniciens habilités sur toutes les énergies. Nous allons bien au-delà du service après-vente, jusqu’à l’entretien et à l’assistance continue.
Êtes-vous déjà mobilisés sur des projets liés à l’hydrogène
Pas encore à l’échelle de nos interventions, car les habilitations sont plus complexes et les stations encore très rares. Mais nous avons déjà travaillé sur des projets impliquant du matériel hydrogène. Cela nous a permis de savoir chiffrer une mise en service et d’anticiper la mise aux normes d’un bâtiment hydrogène. Nous serons prêts si la demande devient concrète.
Quelles sont, selon vous, les principales difficultés rencontrées par les petites collectivités dans la transition énergétique ?
Le frein majeur, sans surprise, c’est le coût. Une métropole, avec ses volumes et ses capacités d’investissement, peut envisager sereinement la construction d’une station GNV, l’équipement complet d’un atelier électrique ou encore l’achat de véhicules à motorisation alternative. Elle bénéficie aussi souvent d’un appui technique interne structuré et d’une ingénierie financière solide.
En revanche, une petite collectivité ne dispose ni des mêmes moyens humains ni des mêmes ressources financières. Le passage à une nouvelle motorisation, qu’il s’agisse de gaz ou d’électricité, implique des investissements très lourds non seulement dans les véhicules eux-mêmes, mais aussi dans les infrastructures de recharge ou de ravitaillement, dans la formation du personnel, et dans la mise aux normes des ateliers. Or, quand vous ne gérez qu’un nombre réduit de véhicules, il devient quasiment impossible d’amortir ces investissements sur le long terme. On touche alors à une vraie question d’équilibre économique.
C’est d’autant plus frustrant que la volonté politique de transition est bien là. Nous avons rencontré plusieurs communes ou communautés de communes motivées pour évoluer vers des flottes plus vertes, mais qui, face au mur des investissements, ont dû faire marche arrière ou repousser leur projet.
C’est précisément à ce niveau que Bacqueyrisses a un rôle clé à jouer : en leur proposant des solutions externalisées, mutualisées, ou encore en prenant à notre charge une partie des équipements et des compétences techniques, nous leur offrons la possibilité d’amorcer leur transition sans supporter immédiatement l’ensemble des contraintes. C’est une forme de partenariat souple, évolutif, qui s’adapte à leur rythme et à leurs capacités budgétaires. Notre objectif est simple : lever les freins à l’entrée et créer les conditions d’un passage progressif et maîtrisé vers les nouvelles énergies.
Propos recueillis par Pierre Lancien