37% des Français souhaitant remplacer leur véhicule actuel choisiraient un modèle électrique ou hybride (avec une prépondérance pour l’hybride). L’enquête Ipsos réalisée pour RTE, le gestionnaire du réseau électrique, montre une appétence modérée pour l’électrique, pourtant présenté comme l’avenir de la mobilité décarbonée. A la tête de plateforme automobile, Luc Chatel partage cette analyse. Le grand public est en proie au doute : le prix très (trop ?) élevé des véhicules électriques neufs et leur autonomie limitée découragent les acheteurs potentiels. Et même si le nombre de bornes de charge publiques augmente, leur disponibilité et leur efficacité ne sont pas garanties. Les expériences déceptives largement relayées dans les médias n’ont fait qu’accentuer la défiance. L’Europe a pourtant décidé de stopper la commercialisation de voitures thermiques à partir de 2035. La part des véhicules électriques dans les immatriculations est de 16% aujourd’hui, elle devrait passer à 30% en 2025, puis 50% en 2030, si tout va bien. «On aura les voitures, mais est-ce qu’on aura les clients?», s’interroge Luc Chatel, reçu le 6 juin par Brice Lalonde, président de l’association Equilibre des énergies (Eden).
Pour rassurer la clientèle, il faudra commencer par baisser les prix de vente. Le leasing social promis par le président-candidat Emmanuel Macron en avril 2022 n’est toujours pas prêt… et le seul modèle proposé en-dessous de 100€ par mois est aujourd’hui la Dacia Spring, fabriquée en Chine! Sur le segment des véhicules électriques, la production localisée dans l’Empire du Milieu représente actuellement 20% des véhicules vendus. Alors que la stratégie des constructeurs français, soucieux de préserver leurs marges, semble se porter sur le haut de gamme, la solution serait-elle de faire venir sur notre sol le leader chinois, BYD? La France est en concurrence avec l’Allemagne et l’Espagne pour l’accueillir. Comme l’a montré l’actualité récente, l’argent public coule à flot pour soutenir l’implantation de Gigafactories et autres sites de production de composants électroniques, souvent en partenariat avec des industriels asiatiques. Il n’y a finalement pas de raison pour que la construction automobile ne suive pas le même chemin. La production sera alors bel et bien localisée à l’intérieur de nos frontières, mais la souveraineté industrielle sera-t-elle restaurée pour autant?
Comme le souligne le rapport de RTE, le déploiement de l’électrification suppose d’accélérer le développement des énergies renouvelables, de maximiser la production nucléaire des réacteurs existants, d’accroître l’efficacité énergétique et de développer la sobriété. En matière automobile, il faudra changer de modèle et recourir davantage aux usages partagés. Mais, toujours selon l’étude Ipsos réalisée pour RTE, les trois quarts des Français possédant une voiture ne seraient pas prêts à y renoncer. Pourtant, la voiture électrique partagée serait par conséquent moins chère pour chacun de ses utilisateurs…
S. G.