Depuis les promesses électorales des départementales de 2021, l’Île-de-France a engagé un peloton d’initiatives pour transformer la mobilité en faveur des cyclistes. À mi-mandat, le Collectif Vélo Île-de-France, fédérant une quarantaine d’associations, a dressé un état des lieux contrasté des avancées départementales.
Maillot jaune : la Seine-Saint-Denis
Avec 41,4 km de pistes cyclables aménagées depuis trois ans, la Seine-Saint-Denis prend la tête du classement. Soutenue par un budget vélo de 150 millions d’euros, cette avancée significative traduit une politique jugée « particulièrement volontariste » par le Collectif. Le président Stéphane Troussel (PS) se félicite d’avoir réalisé 52 % du plan vélo du département, tout en prévoyant de pérenniser 18 km de pistes temporaires, appelées « olympistes », installées en marge des Jeux Olympiques.
Le réseau cyclable demeure encore trop fragmenté, ce qui limite son efficacité et sa sécurité. « Un réseau continu est essentiel pour encourager les trajets à vélo au quotidien », souligne Louis Belenfant, directeur du collectif.
Maillot vert : Les Hauts-de-Seine
Avec un budget identique de 150 millions d’euros, les Hauts-de-Seine décrochent la deuxième place avec 36,9 km de nouvelles pistes. Pourtant, ce département présidé par Georges Siffredi (LR) accuse du retard sur ses ambitions de 118 km d’ici 2028 : seulement 31 % du plan est achevé.
Les coronapistes, pistes temporaires créées durant la pandémie, restent dégradées et attendent une pérennisation, tandis que des obstacles importants, tels que les ponts à Clichy et Gennevilliers, perturbent la fluidité des trajets. « Les infrastructures doivent suivre la demande croissante des cyclistes pour sécuriser leurs déplacements », avertit le collectif.
Maillot à poids : Un Val-de-Marne
Le Val-de-Marne, sous la présidence d’Olivier Capitanio (LR), monte sur la troisième marche du podium. Avec 14,3 km aménagés en trois ans et un budget vélo de 100 millions d’euros, ce territoire affiche des réalisations jugées « exemplaires », notamment à Charenton, Vincennes et Joinville.
Les retards de certains chantiers inquiètent. Le Collectif recommande la mise en place d’aménagements transitoires de qualité pour compenser les lenteurs administratives et offrir rapidement des solutions aux cyclistes.
Voiture balais : La grande couronne
Dans la grande couronne, les efforts sont jugés timides. Si le Val-d’Oise affiche 19,7 km de pistes nouvelles, il dépasse à peine la performance du Val-de-Marne, un territoire pourtant plus dense. La Seine-et-Marne (12,6 km), les Yvelines (11,1 km) et l’Essonne (9,3 km) peinent à suivre.
Cette lenteur est d’autant plus préoccupante que la majorité des accidents graves de cyclistes surviennent dans ces départements, où les infrastructures sont souvent absentes ou inadaptées. « Développer les pistes cyclables n’est pas qu’une question de moyens financiers. La Seine-Saint-Denis, pourtant le département le plus pauvre, a réussi à aménager 40 km en trois ans », rappelle Louis Belenfant.
Au-delà des kilomètres réalisés, le Collectif Vélo Île-de-France appelle à une meilleure continuité des infrastructures et à des investissements plus soutenus, notamment en grande couronne. Alors que les promesses de 2021 ont suscité de grands espoirs, les résultats montrent que la course pour une mobilité durable reste à mi-parcours.
À trois ans des prochaines élections départementales, la pression est sur les épaules des élus pour tenir leurs engagements et franchir la ligne d’arrivée. L’avenir des mobilités douces en Île-de-France pourrait bien dépendre de leur capacité à se mettre en danseuse…
PL