Le bras de fer juridique autour de l’autoroute A69 entre Castres et Toulouse prend une nouvelle tournure. Le 27 février 2025, le tribunal administratif de Toulouse a annulé les autorisations environnementales du projet, stoppant net les travaux engagés. Mais l’État, loin de baisser les armes, annonce son intention de faire appel et demande un sursis à exécution pour tenter de relancer l’infrastructure dans les plus brefs délais.
Censée améliorer la connexion entre Castres et la métropole toulousaine, la future autoroute était présentée comme une réponse aux besoins des usagers et des acteurs économiques locaux. Déclarée d’utilité publique en 2018, elle avait reçu le soutien des élus, des habitants et des entreprises de la région, convaincus par les bénéfices en termes de temps de trajet, de sécurité routière et de réduction des nuisances pour les riverains.
Lancée en mars 2023 après validation de toutes les autorisations réglementaires, la construction de l’A69 s’est heurtée à une opposition tenace, notamment de la part de militants écologistes et d’associations environnementales dénonçant son impact écologique. Jusqu’ici, six décisions de justice avaient pourtant confirmé la légitimité du projet. Mais le verdict du tribunal administratif change la donne, obligeant l’État à revoir sa copie.
Face à cette annulation, l’État ne compte pas en rester là. Il prend acte de la décision, mais affiche sa détermination à voir l’autoroute aboutir. En engageant un appel, il cherche non seulement à renverser le jugement, mais aussi à obtenir un sursis à exécution qui permettrait de reprendre les travaux avant une nouvelle décision judiciaire.
En attendant, le chantier est mis en pause, à l’exception des opérations nécessaires à sa mise en sécurité, conformément au code de l’environnement. Une suspension lourde de conséquences : sur les 450 millions d’euros prévus pour l’infrastructure, plus de 300 millions ont déjà été engagés.
Réalisée en concession et financée en grande partie par le péage, l’A69 repose sur un partenariat entre l’État, la région Occitanie, les départements de la Haute-Garonne et du Tarn, ainsi que les collectivités locales de Castres-Mazamet et Sor-et-Agout. Ses partisans la considèrent comme un levier essentiel pour dynamiser l’économie locale, renforcer l’attractivité du territoire et améliorer la mobilité des habitants.
L’État, soucieux de mener à bien cette infrastructure, réaffirme son attachement au projet et se dit prêt à « engager toutes les voies de recours permettant la reprise des travaux dans les meilleurs délais possibles et dans le respect de la réglementation ».
Reste à savoir si l’appel suffira à débloquer la situation ou si le contentieux environnemental viendra définitivement enrayer cette autoroute du progrès.
Pierre Lancien