« L’ouverture du marché ferroviaire régional, une opportunité pour la mobilité«
Mobily-Cités : 2025 est une année charnière pour le marché ferroviaire régional français. Pourquoi ce moment est-il si important ?
Thierry Mallet : L’ouverture à la concurrence du marché des trains régionaux français marque une véritable transformation du paysage ferroviaire. Trente ans après l’Allemagne, la France suit le même chemin en permettant aux Régions d’ouvrir leurs services ferroviaires à de nouveaux opérateurs. Nous avons déjà une solide expérience dans ce domaine en Allemagne et en Suède, où nous opérons respectivement 140 millions de passagers par an et l’équivalent de l’offre ferroviaire de la région Auvergne Rhône-Alpes. Cette expertise, nous la mettons aujourd’hui au service des Régions françaises.
Mobily-Cités : La Région Sud a été la première à franchir le pas en 2021. Quel bilan tirez-vous de cette première attribution de marché ?
Thierry Mallet : La Région Sud a saisi l’opportunité offerte par la loi Nouveau Pacte Ferroviaire votée en 2018 en nous confiant l’exploitation de la ligne Marseille – Toulon – Nice. Ce choix est avant tout une victoire pour les usagers : ils bénéficieront de deux fois plus de trains et d’une qualité de service améliorée sur l’une des lignes les plus fréquentées de France. L’ouverture du marché ferroviaire n’est pas une fin en soi, c’est un moyen de mieux répondre aux attentes des voyageurs et des territoires en développant l’offre de transport sous l’égide des Régions.
Mobily-Cités : L’ouverture à la concurrence permet-elle aussi de relancer des lignes ferroviaires fermées ?
Thierry Mallet : Absolument. Un excellent exemple est le Grand Est, où nous participons à la réouverture de la ligne Nancy – Vittel – Contrexéville. Dès le second semestre 2025, les travaux débuteront en partenariat avec NGE et la Banque des Territoires. Ce projet de concession montre que le service public ferroviaire régional peut être relancé grâce à des partenariats public-privé. Notre rôle ne se limite pas à l’exploitation de la ligne, mais englobe aussi la remise en état et la maintenance de l’infrastructure, preuve de notre capacité à nous adapter aux besoins spécifiques des territoires.
Mobily-Cités : Votre ambition est de devenir le principal opérateur alternatif en France. Comment comptez-vous y parvenir ?
Thierry Mallet : Nous avons une vision claire : offrir des solutions de mobilité inclusives et accessibles à tous. Pour que les citoyens puissent se passer de leur voiture, il est essentiel de leur proposer une alternative crédible. Cela passe par un réseau ferroviaire performant, mais aussi par des solutions intermodales associant le train et les cars express. Nos corridors de transport doivent devenir la colonne vertébrale de la mobilité du quotidien. Nous croyons en une approche intégrée et multimodale pour encourager le report modal et accompagner la transition énergétique.
Mobily-Cités : Cette ouverture du marché s’inscrit-elle dans une vision plus large du rôle du ferroviaire en France ?
Thierry Mallet : Oui, notre raison d’être est claire : permettre à chacune et à chacun de se déplacer en toute confiance avec des solutions qui servent le bien commun. Notre engagement repose sur trois piliers : la cohésion des territoires, le développement personnel et économique, et la transition énergétique. Le train est une pièce maîtresse de cette transformation, et nous comptons bien jouer un rôle clé dans cette nouvelle ère ferroviaire en France.
Propos recueillis par Pierre Lancien