«Ce n’est pas au passager de payer l’entretien du réseau ferroviaire, c’est au contribuable comme c’est le cas partout en Europe», explique François Delétraz à Mobily-Cités le 10 avril 2024. Le nouveau président de la Fnaut rappelle que l’Etat finance bien l’entretien des routes départementales… L’association d’usagers des transports dénonce ainsi, dans un communiqué, une hausse des péages ferroviaires répercutée dans le prix des billets pour financer la régénération du réseau: «En Suède, la part du péage représente 8% du prix du billet, 15% en Italie et 40% en France !», rappelle François Delétraz. Autre curiosité, la Fnaut a découvert qu’un TGV Ouigo s’acquitte d’un péage moindre qu’un TGV InOui, alors que le premier transporte davantage de voyageurs, et est plus lourd…
Autre souci souligné par la Fnaut, le manque de rames TGV pour faire face à la demande. «Il y a une sur-offre sur les lignes en concurrence comme la liaison Paris-Lyon, et une sous-offre sur des dessertes comme Paris-Bordeaux et Paris-Montpellier, regrette François Delétraz. Air France a été contrainte de supprimer la liaison aérienne Bordeaux-Orly pour des raisons écologiques, mais sans pour autant que la SNCF augmente l’offre de places dans les TGV. Résultat, les prix explosent, et sur un tronçon de la ligne, les passagers se reportent sur la voiture faute de places. Idem pour Paris-Montpellier où il n’y a plus que trois allers-retours par jour en avion contre dix auparavant, mais toujours le même nombre de liaisons TGV…»
La Fnaut réclame ainsi une loi de programmation financière pour répondre à la demande des voyageurs et permettre au moins une régénération du réseau estimée à 4 Md€ par an au minimum. François Delétraz explique qu’un report modal de la voiture vers le train exige trois conditions, et dans cet ordre: «l’offre, la facilité d’usage et enfin le prix». Le président de la Fnaut souligne qu’au niveau régional, l’offre ne manque pas (les Régions les plus ambitieuses ont d’ailleurs été récompensées par une augmentation forte de la fréquentation dans les TER). Cependant, chaque AOM a établi sa propre tarification avec ses propres cartes de réduction, ce qui ne facilite pas les déplacements inter-régionaux. «Ce que le ministre des Transports a réussi à obtenir sur le pass rail, nous aimerions qu’il le réussisse sur les déplacements entre les Régions», indique François Delétraz. Enfin, les AOM sont aussi confrontées à une augmentation des prix des péages, même si le Conseil d’Etat a annulé, en mars 2024, la tarification 2024 demandée par SNCF Réseau…
La Fnaut espère donc profiter de la conférence sur le financement des SERM prévue au mois de juin 2024 pour obtenir une clarification de l’Etat sur sa politique des mobilités.
Florence Guernalec