«Solidaire, écologique et fraternel»: en choisissant ces trois adjectifs, le président de Montpellier Métropole Méditerranée, Michaël Delafosse, assume et revendique la gratuité des transports urbains, qui s’applique à l’ensemble des habitants de la métropole à partir du 21 décembre, comme un choix politique fort. Cette mesure traduit en effet la concrétisation d’un engagement majeur de la campagne électorale, qui n’a rien d’une promesse lancée à la légère, soutiennent les élus de la majorité PS-PC-écologiste, réunis à l’Hôtel de Ville pour lancer cette journée de «Fête de la gratuité». «La dynamique du versement mobilité nous a permis de progresser vers la gratuité totale, étape par étape», précise Michaël Delafosse, qui rappelle que les transports urbains ont d’abord été librement accessibles les week-ends aux habitants de la métropole, à partir de septembre 2020. Un an plus tard, la gratuité s’appliquait aux moins de 18 ans et aux plus de 65 ans. S’il a fallu attendre la fin 2023 pour la généraliser, c’est que l’exécutif métropolitain voulait être certain de disposer des moyens financiers d’assurer le fonctionnement du réseau TaM sans les recettes commerciales. «C’est possible grâce à la dynamique du versement mobilité, qui a augmenté de 30 M€ sur les quatre dernières années», indique Renaud Calvat, vice-président de la métropole en charge des Finances. Montpellier est attractive, et les entreprises s’y installent. Le VM rapportera ainsi plus de 120 M€ en 2024, ce qui permettra de rendre les transports urbains gratuits pour les 500.000 habitants de la métropole sans augmentation d’impôts, et tout en augmentant l’offre.
Parallèlement, la métropole a transformé la société d’économie mixte en société publique locale (SPL), en rachetant les parts détenues par Transdev. L’ex partenaire, également sous-traitant, est devenu subdélégataire sur le périurbain. La SPL présente en outre l’avantage de pouvoir évoluer en accueillant de nouveaux membres. C’est avec cette nouvelle entité que le contrat de délégation de service publique du réseau TaM doit être renouvelé à partir de 2025. Et c’est donc dans le cadre de ce futur contrat que se posera la question du retour d’une subvention d’équilibre, nécessaire à partir de 2026 en raison du développement du réseau. D’abord avec la future ligne 5 du tramway, prévue pour le second semestre 2025, qui traversera la métropole du nord à l’ouest sur 16 km et 27 stations. Un investissement de 440 M€ pour la collectivité, avec notamment la commande de nouvelles rames CAF (77 en tout, dont une partie destinée au renouvellement du parc existant). Autres projets d’extension du réseau, celui de la ligne 1 qui doit relier la gare TGV Sud de France, mais aussi 5 lignes de BHNS. Pas de quoi perturber les élus, qui rappellent que la plupart des réseaux sont subventionnés par les collectivités locales, même quand le transport est payant pour l’usager. Surtout, l’essentiel est ailleurs: première grande métropole française à passer à la gratuité, Montpellier se veut pionnière et compte sur les «changements collatéraux positifs» induits, assure Michaël Delafosse, qui souligne que «la priorité des investissements va aux mobilités décarbonées», notamment pour le développement du vélo, cher à la vice-présidente aux Mobilités, Julie Frêche.
Michaël Delafosse raccroche aussi les wagons avec une politique régionale très volontariste, et qui fait elle aussi la part belle à la gratuité pour une série de publics, dont les jeunes. Carole Delga doit ainsi lancer la gratuité des TER pour les jeunes. Cette articulation Région/Métropole doit également se traduire à terme par le développement des Services express régionaux métropolitains (SERM), indispensables pour proposer aux habitants de l’ensemble du bassin de vie, donc des territoires ruraux et périurbains extérieurs à la métropole, des solutions alternatives à la voiture. Quelques jours après l’adoption du projet de loi sur les SERM, Michaël Delafosse rappelle aussi l’urgence de réaliser la liaison TGV Montpellier – Béziers, afin de décongestionner le barreau littoral qui permet de desservir la côte languedocienne, et de passer au cadencement. Une étape cruciale dans la mise en place d’une offre ferroviaire qualitative, pas seulement destinée aux vacanciers mais aussi aux nombreux navetteurs quotidiens. Les intercommunalités voisines de Montpellier ont d’ailleurs la possibilité de faire bénéficier leurs habitants de la gratuité du réseau TaM. Les discussions sont en cours, mais n’ont pas abouti à ce stade. Les compensations financières potentielles constituent un frein pour les communautés de communes concernées.
Sandrine Garnier