Dans le cadre de la mission flash lancée en mars par la commission Développement durable du Sénat, une consultation en ligne est ouverte jusqu’à la mi-mai. Les contributions seront ensuite analysées et intégrées aux conclusions et aux recommandations que devraient livrer les sénateurs avant l’été. Cette initiative permettra-t-elle de progresser vers une harmonisation des règlementations, et surtout vers un déploiement des ZFE qui tienne véritablement compte des contraintes qui pèsent à la fois sur les particuliers et les professionnels ? Les différentes instances de réflexion mises en place ces derniers mois devraient contribuer à faire émerger des solutions : mission sur la préfiguration du Comité technique de la livraison urbaine, confiée à Philippe Barbier, président de la Confédération des grossistes de France (CGF), et Comité de concertation des ZFE, coordonné par Edouard Manini. En espérant que ces initiatives ne viennent pas rajouter une couche supplémentaire de complexité… alors que la mission flash menée par les députés Bruno Millienne et Gérard Leseul, de la Commission développement durable de l’Assemblée nationale, semblait avoir cerné le problème.
Après une période de créativité tous azimuts, il semblerait que les collectivités concernées aient pris conscience des difficultés réelles posées par la mise en place des ZFE. A Paris, l’interdiction des véhicules Crit’Air 3, initialement prévue en juillet 2022, vient ainsi d’être à nouveau reportée à fin 2024. Motif avancé : le nombre de véhicules concernés (380.000 en Ile-de-France) et le manque d’alternative (report sur les transports en commun, ou acquisition d’une voiture électrique). A Lyon, les mêmes causes ont produit les mêmes effets. Et de toute façon, les intercommunalités n’ont pas les moyens matériels de contrôler le respect des règles de circulation, les dispositifs automatiques n’étant ni disponibles ni financés. D’après une étude CSA rendue publique début avril, 37% des véhicules sont impactés par les ZFE, et 36% des personnes touchées par l’interdiction de circuler n’ont pas le budget pour changer de véhicule, qu’il soit neuf ou d’occasion. Des difficultés de financement qui impactent encore plus les propriétaires de véhicules classés Crit’Air 4,5 et non classés (41%)… Le leasing social promis par le gouvernement n’étant toujours pas disponible, la situation ne va pas évoluer à court terme. Toujours selon l’institut CSA, 49% des automobilistes concernés par les ZFE y sont réfractaires, et même 62% chez les détenteurs de voitures Crit’Air 4,5 ou non classés. Et 36% déclarent qu’ils continueraient, malgré tout, à utiliser leur véhicule, tandis que 20% sont prêts à se passer de voiture.
S. G.