Pas de Green Deal sans les bus et les camions. Pour atteindre les objectifs européens de neutralité carbone en 2050, les constructeurs réunis au sein de l’ACEA renouvellent leurs demandes de soutien à l’achat des véhicules et au déploiement d’infrastructures de charge électriques et hydrogène. Ils préconisent notamment la mise en place de mesures en faveur de la filière (via des aides au réseau d’avitaillement, un soutien au modèle économique basé sur le marché du carbone, sans oublier l’évaluation régulière des politiques publiques engagées). Autant de dispositions qui doivent aussi leur permettre de jouer à armes égales dans la compétition internationale, alors que les règlementations sociales et environnementales qu’ils respectent renchérissent leurs coûts de production. Ils demandent également aux autorités européennes de respecter la neutralité technologique de façon à donner toute leur place aux différentes options de décarbonation, dont les biocarburants et les e-carburants de synthèse qui permettront d’améliorer la performance énergétique du moteur à combustion. Les constructeurs attendent également un cadre réglementaire stable, exempt de textes contradictoires entre eux. Ils veulent aussi davantage d’harmonisation dans le développement du numérique et de l’autonomisation sur les marchés du bus et du camion.
Ces demandes ont été réitérées dans un Manifeste publié le 9 avril, alors que la Commission européenne venait de voter la révision de la directive CO2 pour les véhicules lourds. La feuille de route décidée fixe une réduction des émissions de CO2 des véhicules lourds (camion, autocar, bus) de 15% à l’horizon 2025, de 45% en 2030, 65% en 2035 et de 90% d’ici 2040, par rapport aux niveaux de 2020. Les bus neufs, quant à eux, devront être 100% zéro émission à partir de 2035, avec une étape intermédiaire en 2030 à hauteur de 90%. Or, pour atteindre ces objectifs, l’Europe doit être en capacité de répondre aux besoins du marché. Un constat d’ailleurs partagé en dehors des secteurs industriels. « Pour atteindre la cible de réduction de 45% des émissions de CO2 en 2030, il faudra produire 400.000 camions zéro-émission. Or l’Europe n’est pas prête. Les camions électriques représentent 1% des ventes et leurs prix sont toujours prohibitifs. Nous devons encore accompagner les constructeurs grâce à des mesures protectionnistes et de soutien à l’achat », déclare l’eurodéputée écologiste Karima Delli.
Sandrine Garnier