«Nous avons une feuille de route très serrée, qui vise à atteindre le niveau 4 en termes d’autonomie», a annoncé Jean-Claude Bailly, CEO de Gama (ex-Navya) lors du salon Autonomy Mobility World Expo 2024, le 20 mars. L’entreprise, rachetée en avril 2023 par Gaussin (51%) et le japonais Macnica (49%), vise cet objectif d’abord sur site fermé dès 2024 pour le transport de marchandises, et en 2025 pour le transport de passagers. Gama n’abandonne pas son ambition d’y parvenir sur route ouverte, même si «le chemin est long» en raison notamment d’une règlementation plus contraignante. En outre, ses débouchés ses trouvent à l’étranger: «La majorité de la demande provient de l’extérieur de la France», a expliqué Jean-Claude Bailly.
Changement notable, Gama sera bientôt détenue à 100% par Macnica: en février 2024, Gaussin est entrée en négociations exclusives avec la société japonaise pour céder ses parts. La R&D restera en France à La Défense, et à Villeurbanne pour la partie software, assure Adam Adwan, director of product design & program management de Gama. Enfin, Gama a ouvert, en 2024, une usine à Saint-Vallier (Saône-et-Loire) qui devrait produire 20 à 30 navettes en 2024, et une centaine par an à terme, selon Adam Adwan. Le positionnement ne devrait pas changer: «Nous offrons une solution complète à nos clients», a insisté Jean-Claude Bailly. De l’étude de faisabilité au lancement en passant notamment par l’implémentation sur site, la création du parcours et la formation, Gama fournit une solution clés en main.
L’entreprise entend également poursuivre sa diversification en ciblant les sites industriels qui sont en forte demande de véhicules en autonomie complète. «Le transport de biens sur site fermé fait partie des axes de développement», a souligné Jean-Claude Bailly. Gama a ainsi monté une coentreprise avec Charlatte, spécialisée dans les véhicules de manutention, pour fournir notamment des remorques à bagages pour les aéroports. La société annonce également travailler «avec un gros équipementier sur une plateforme»… Gama vise surtout les marchés étrangers, notamment les Etats-Unis et le Japon qui prévoit de développer une approche L4 progressive sur 50 sites en 2025 pour monter en puissance jusqu’à 200 sites en 2027.
«Nous avançons vers cet objectif d’autonomie de niveau 4 avec nos clients et partenaires en mettant nos véhicules en opération, car c’est la meilleure façon de progresser», a expliqué Jean-Claude Bailly qui s’appuie sur une expérience de dix ans dans la navette autonome, 220 véhicules vendus et 1 million de km parcourus. Une démarche itérative et d’autonomisation progressive qui s’illustre notamment avec le programme Efiba (Emergence filière bus autonomes) initié dans le cadre de France Relance en 2021 et financé par BpiFrance. La mise au point d’un Bluebus autonome de 6 mètres (33 passagers), destiné au transport public, est en cours sur la piste d’essais Transpolis. Le projet rassemble également le groupe électronique Actia, Plastic Omnium et Keolis avec pour objectif de parvenir à faire rouler ce bus en site ouvert dans un an et demi à deux ans.
Autre programme en cours, le projet Rima (Réseau inclusif de mobilité automatisée) consiste à expérimenter des navettes Evo et Bluebus sur route ouverte dans le territoire rural Crest & Val de Drôme. Le consortium formé avec l’opérateur beti, la Macif et Vinci Construction était lauréat en 2022 de l’Appel à Projet Mobilités Routières Automatisées, lancé dans le cadre du Programme d’Investissements d’Avenir (PIA4) – France 2030. Le pilote, prévu pour durer deux ans (2024-2025), doit permettre de parvenir graduellement à une autonomie sans opérateur de sécurité à bord.
Florence Guernalec