Déployées depuis 2021, les trottinettes en libre-service disponibles à Saint-Quentin-en-Yvelines ont rencontré leur public… sans troubler l’ordre public. L’offre lancée dans le cadre d’une expérimentation avec 900 engins a d’ailleurs été pérennisée et étendue: aujourd’hui, Tier exploite 1500 trottinettes électriques réparties sur 350 stations dans cette agglo de grande couronne, à 25 km l’ouest de Paris. Les déboires de la capitale, où les 15.000 engins opérés par Dott, Lime et Tier, considérés comme favorisant les comportements dangereux, ont été retirés de la circulation, semblent inconnus ici. La comparaison a ses limites, mais les résultats obtenus à SQY peuvent tout de même contribuer à nourrir la réflexion. Jean-Baptiste Hamonic, vice-président en charge des mobilités, se félicite de l’adoption du service: «1,7 million de trajets ont été enregistrés depuis le lancement, soit 2.000 par jour», souligne-t-il. Avec une distance moyenne parcourue de 2 km, «on dépasse la logique du micro-déplacement pour adresser la demande de rabattement, poursuit-il. Les trottinettes en libre-service constituent à la fois une alternative et un complément aux autres modes.»
Cette relative réussite trouve peut-être son origine dans le travaile de préparation réalisé avant le lancement de l’appel à candidature par les services de la collectivité. «Quand nous avons rencontré les opérateurs potentiels, nous savions précisément ce que nous voulions mettre en place: vitesse bridée à 20 km/h, incitation au port du casque via l’appli, géolocalisation des engins et matérialisation des stations… tout cela pour créer un environnement sécurisant, aussi bien pour les utilisateurs que pour l’ensemble des usagers des espaces publics et de la voirie», développe Jean-Baptiste Hamonic. Les conducteurs de trottinettes bénéficient des aménagements cyclables du territoire (400 km réalisés et un total de 600 km de voies prévues d’ici à 2031 pour un investissement de 37 M€), et les polices municipales sont attentives au respect des règles. Résultat: malgré quelques frictions au démarrage, tout se passe plutôt bien, et l’on n’a recensé moins de 5 accidents depuis mai 2021. Le service, d’abord réservé aux plus de 18 ans, a même été ouvert aux jeunes à partir de 16 ans. Et pendant les émeutes de juin dernier, l’ensemble de la flotte a été stocké en lieu sûr, ce qui a permis de limiter les dégradations. Bref, la gouvernance fonctionne: «La qualité de la relation avec un opérateur professionnel aboutit à une bonne régulation», résume Jean-Baptiste Hamonic. Et le service ne coûte rien à la collectivité locale.
Cette offre de trottinettes en libre-service s’inscrit dans la politique de mobilité volontariste mise en œuvre à SQY, ville nouvelle créée à la fin des années 1960, devenue communauté d’agglo il y a 20 ans. Incluse dans le Plateau de Saclay, SQY est desservie par 7 gares SNCF et RER et le réseau de bus d’Ile-de-France Mobilités. L’exécutif local soutient à la fois les modes doux et actifs et les solutions numériques et innovantes. Territoire d’accueil des JOP 2024 avec les épreuves de cyclisme (au Vélodrome et sur la colline d’Elancourt pour le VTT), de BMX et de golf, SQY compte bien profiter de l’évènement pour populariser encore davantage la pratique du vélo. Les Jeux seront aussi l’occasion de tester le démonstrateur Urbanloop qui permettra de desservir la fan-zone. SQY a aussi été la première ville à mettre en place un service régulier de navettes autonomes sur route ouverte, opéré par Keolis entre mars 2021 et juin 2022 avec trois véhicules Navya. Un nouveau service doit être lancé dans les prochains mois, avec des navettes Milla. De quoi rester en bonne place dans compétition…
Sandrine Garnier