Des mois de mobilisation ont porté leurs fruits: les transports scolaires sont parés pour la rentrée 2023. Il reste tout de même 6000 postes à pourvoir, soit un besoin de recrutement inférieur de 25% à la même époque l’an dernier. Mais à ce stade, «il n’y a pas de sujet d’inquiétude pour l’acheminement des 2 millions d’élèves» qui vont reprendre en car scolaire le chemin de l’école le 4 septembre, souligne le ministre des Transports, Clément Beaune. Les actions entreprises par l’ensemble des acteurs ont donc produit leurs effets, même si la vigilance reste de mise. Après avoir réuni les parties prenantes le 23 août, en compagnie du ministre du Travail, Olivier Dussopt, et de la secrétaire d’Etat à la Jeunesse, Prisca Thevenot, il s’est rendu le lendemain au dépôt de la société Grisel, à Ennery (Val d’Oise). Sur place, Clément Beaune a longuement échangé avec la directrice générale de l’entreprise, Christine François, ainsi qu’avec les équipes et le président de la FNTV, Jean-Sébastien Barrault.
Cette visite a donné l’occasion de revenir sur les solutions mises en œuvre pour palier les difficultés de recrutement: abaissement à 18 ans de l’âge de passage du permis D, ouverture d’un CAP agent d’accueil et de conduite, évolutions des bonnes pratiques pour les contrats de transport scolaire… autant de pistes engagées mais dont les conséquences ne sont pas pleinement concrétisées à ce stade. La formation au CAP démarre seulement à la rentrée 2023 avec une trentaine de filières ouvertes en France. Quant aux délais administratifs d’attribution du permis, ils restent bien trop longs un fois l’examen validé: «2 à 3 mois en moyenne», précise Jean-Sébastien Barrault. Et les nouveaux conducteurs doivent bien souvent reprendre une bonne partie de la formation quand ils reçoivent enfin le précieux sésame… Une perte de temps et d’argent pour les transporteurs, que Clément Beaune veut rassurer: tout est mis en œuvre pour accélérer les procédures, comme c’est déjà le cas pour la carte chronotachygraphe, et la mise en place d’un guichet unique est à l’étude.
L’encouragement au cumul emploi-retraite constitue un autre gisement potentiel de conducteurs, et en particulier dans le cadre du Congé de fin d’activité. L’assouplissement du dispositif est en chantier, de façon à permettre aux salariés qui en bénéficient de travailler à temps partiel. Ces solutions permettent de facto de compenser le faible volume horaire des contrats de période scolaire. Une autre option pour augmenter le volume d’heures travaillées est d’enchaîner les missions, en décalant les horaires des différents établissements scolaires d’une même zone. L’expérimentation menée dans le Grand Est a donné de bons résultats, qui restent toutefois à consolider et à multiplier.
Malgré une fin d’été moins anxiogène que l’an dernier, un grand nombre de PME se sentent toujours sur le fil du rasoir… dans ce contexte, le moindre grain de sable peut gripper la machine. Et le rythme attendu des départs en retraite ne permet pas d’espérer une franche amélioration à court terme. 2024 s’annonce ainsi particulièrement sensible, surtout en Ile-de-France. «L’année prochaine, la rentrée des classes coïncidera avec le début des Jeux paralympiques», a rappelé Stéphane Guenet, président de Lacroix&Savac, maison mère de Grisel. Le transporteur, qui va assurer une partie des transports spécifiques au JOP 2024, et devra en plus renforcer les lignes qu’il opère pour le compte d’Ile-de-France Mobilités, aura besoin de 700 conducteurs pour la période, se demande déjà comment relever le défi…
Sandrine Garnier