Vous avez dit Technis ?
C’est un travers de nos publicitaires et autres communiquants depuis quelques décennies, de manquer sérieusement d’imagination. Pour créer une nouvelle identité, ils ont souvent tendance à retenir des vocables qu’ils pensent « dans l’air du temps », au risque de bégayer. Souvenons-nous du nouveau train Altéo mis en service sur le RER A, qui portait le même nom… qu’un assureur pour les handicapés belges, qu’un industriel producteur d’alumines, qu’une agence de création digitale…
Souvent les parties règlent leurs conflits à l’amiable, voire s’ignorent tant le spectre est large entre un train de banlieue et une mutuelle d’assurance.
C’est tout différent aujourd’hui avec le recours intenté par une start-up suisse contre le groupe SNCF. En cause, la dénomination « Technis », retenue pour l’une des deux sociétés créées à l’issue de l’éclatement de Fret SNCF.
Problème, Technis est déjà porté par une société suisse depuis 2016. Un nom déposé en Suisse, mais aussi en France et dans toute l’Europe. Et pour ne rien arranger, Technis, qui réalise notamment de la collecte de données dans le domaine des infrastructures connectées, est également… fournisseur de la SNCF.
Pour éviter toute confusion, la start-up s’est rapprochée de la Société nationale dès la révélation du nom, avant de lui adresser finalement une mise en demeure. Ce qui n’a pas empêcher le suisse Technis de recevoir (comme tous les fournisseurs) un courriel du français Technis pour l’informer de sa reprise de l’activité de Fret SNCF…
De quoi décider la société suisse à engager deux recours devant la justice des deux pays. Pour Wictor Bourée, le pdg helvète de Technis, la SNCF tente de s’approprier de nom de sa société « en pensant qu’en faisant durer, ils obtiendront tout ce qu’ils veulent ». Et de conclure pour affirmer sa détermination : « Technis contre Goliath démarre donc maintenant ».
Philippe-Enrico Attal