Stéphane Guenet
Stéphane Guenet
Directeur Général du groupe CFTR

« L’expansion de notre groupe témoigne de notre capacité à gagner la confiance de nos clients »

Stéphane Guenet Directeur général du groupe CFTR revient sur la croissance de son groupe et sur ses capacités à gagner de nouveaux marchés face à groupes internationaux. Fort de ses succès, il se concentre sur la consolidation des acquis tout en cherchant à offrir une alternative crédible aux collectivités territoriales.

Mobily-Cités : Quel est le positionnement de la Compagnie Française de Transports Régionaux (CFTR) face à la concurrence et notamment face à d’autres groupements professionnels ?

Stéphane Guenet : La Compagnie Française des Transports Régionaux (CFTR) est un groupe composé de filiales qui travaillent en forte autonomie régionale, sous leur propre marque avec une mise en commun de moyens, d’expertises et de subsidiarité. Elles ont des intérêts convergents, au niveau local et national. D’autres groupements d’entreprises, pour ce que j’en vois, m’apparaissent plutôt comme des rassemblements d’entités indépendantes, avec à leur tête un ou des dirigeants ayant des intérêts tantôt communs, tantôt différents pour ne pas dire concurrents.

 

Que vous apporte l’ouverture à la concurrence en Île-de-France et quelles sont vos relations avec Île-de-France Mobilités ?

Nous avons achevé en décembre dernier le premier cycle d’ouverture à la concurrence des réseaux de 2ème couronne en Île de France. C’était pour nous un challenge majeur et nous avons remporté sept des trente-six lots proposés. Nous sommes très fiers de ce résultat. Nous avons démarré depuis dix-huit mois ces nouveaux contrats, pour la plus grande satisfaction à la fois de l’autorité organisatrice et des voyageurs que nous desservons. À l’issue de cette phase, nous sommes dorénavant le 3ème opérateur en grande couronne de la région Ile-de-France et notre part de marché a plus que doublé, pour arriver à 19%. Nous pouvons dire que le groupement Lacroix Savac, avec l’aide des services de CFTR, a transformé l’essai. 

A l’occasion des Jeux Olympiques et paralympique 2024, Île-de-France Mobilités reconnait qu’il y aura plus de travail que prévu et que les budgets ont été sous-évalués. Avez-vous été consulté pour l’évaluation des dépenses supplémentaires et êtes-vous satisfait du résultat ?

Le groupe CFTR est très fier d’avoir été retenu pour exploiter l’un des trois lots de transport public de voyageurs dédiés à cette grande manifestation internationale. C’est pour nous une vraie reconnaissance. Je souligne également qu’il y a eu une réelle volonté de la part de nos conducteurs, qu’ils soient en Île-de-France ou dans d’autres filiales, de participer activement à cet évènement planétaire. Les Jeux Olympiques et Paralympique 2024 à Paris n’arrivent qu’une fois dans la vie d’un opérateur et dans celle d’une autorité organisatrice. C’est exceptionnel. Je vous rappelle que nous allons collectivement transporter près de 15 millions de visiteurs durant la période. Alors oui, évaluer à l’euro près le coût d’une telle opération, malgré tout le soin et la bonne volonté de chacune des parties est très improbable. Il y a nécessairement des impondérables. Je suis confiant dans le fait que nos équipes, associés à celles d’IDFM ou des autres parties prenantes vont mettre en œuvre quotidiennement les bonnes solutions pour faire de ces jeux olympiques et paralympiques 2024 une parfaite réussite.

 

Les activités complémentaires aux activités conventionnées vivent une reprise post Covid intéressante. Ces activités sont-elles un levier de croissance pour votre groupe ?

Après la période Covid, il y a eu un réel besoin tout à fait légitime de la part des collectivités et des groupes d’une liberté retrouvée. Cependant le tourisme de groupe n’est pas une activité centrale pour CFTR.  C’est une activité que nous menons dans la mesure où elle représente une rentabilité suffisante pour financer nos investissements. Lorsque la période est bonne, nous nous en réjouissons et lorsque la période est moins bonne, nous nous adaptons.

 

L’évolution climatique impose une réorganisation des métiers, pour le groupe CFTR quelle serait la meilleure option énergétique ?

Tout d’abord, nous sommes largement tributaires du choix de nos autorités organisatrices pour le type de d’énergie retenu. Pour toutes les activités conventionnées, ce sont elles qui sont majoritairement décisionnaires. 

Ensuite, je souligne que le groupe CFTR est très engagé dans la mobilité décarbonée. Nous avons aujourd’hui le premier parc de cars électriques en France et nous sommes le premier opérateur à avoir fait rouler des bus hydrogènes en ligne régulière. Ces deux modes de carburations sont de très belles promesses pour l’avenir, mais sur ce terrain, nous dépendons de la bonne volonté des industriels et de leur capacité à nous fournir le matériel roulant adéquat.

Le HVO, carburant de synthèse fait à partir d’huile végétale recyclée, est aussi une piste intéressante. Nous avons mis en oeuvre avec succès, en Normandie, la première expérimentation en territoire interurbain. Encore une fois, le groupe CFTR est bien évidemment dépendant des politiques publiques quand il n’investit pas dans le matériel roulant. Par ailleurs, il y a une énergie qui mérite toute notre attention, c’est le bioGNV. Pour nous, il reste une option très sérieuse notamment dans les territoires ruraux et agricoles. C’est une énergie locale et accessible qui nous convient. Nous pouvons, par notre consommation, inciter les agriculteurs dans l’investissement de méthaniseurs et ainsi engager la filière dans un cercle vertueux. La consommation du groupe CFTR stimule les méthaniseurs à nous fournir du BioGNV, leur garantissant ainsi la rentabilité de leurs investissements. Cette forme d’économie circulaire favorise à la fois l’environnement et l’économie des territoires concernés. 

 

La situation post Covid a généré des difficultés de recrutement chez les conducteurs mais pas seulement. Comment avez-vous résolu cette problématique et quelles ont été les moyens que vous avez déployés ?

Le Covid a mis en lumière une situation de tension sur nos métiers que nous avions déjà identifiée. Le groupe CFTR était préparé. Dans nos métiers, par définition, nous assurons le transport pendulaire domicile-travail ce qui implique de grandes amplitudes horaires pour les personnels. Cela génère des contraintes dans l’organisation familiale et ce sont autant de freins à l’attrait de nos professions. C’est pourquoi chez CFTR, nous avons insisté sur une proximité managériale qui était un héritage de l’histoire de nos filiales. Par une flexibilité du temps de travail et des plannings mieux établis, nous facilitons la vie de nos conducteurs. Nous proposons également des opportunités d’évolution et avons resserré l’organisation. Car, si le collaborateur et le manager 3.0 hyperconnectés sont incontournables, pour nous, rien ne remplace la relation humaine et le management attentionné.  C’est par ces méthodes que le groupe CFTR fidélise ces conducteurs et garantit la bonne qualité de service aux voyageurs et aux autorités organisatrices.

 

Quelle serait la raison d’être du groupe CFTR aujourd’hui ?

Le groupe CFTR a été fondé avec l’objectif de fournir une alternative sérieuse et compétitive dans le secteur des opérateurs de transport routier de voyageurs, un domaine caractérisé par une forte concentration de grands acteurs. Notre démarche visait particulièrement les besoins des régions et des métropoles, cherchant à répondre à la demande de services de transport plus diversifiés et efficaces.

La croissance enregistrée par le groupe CFTR au cours des cinq dernières années est un indicateur clé de notre réussite. Cette expansion témoigne de notre capacité à nous imposer sur un marché concurrentiel et à gagner la confiance de nos clients et prospects.

Fort de ses succès, le groupe CFTR se concentre sur la consolidation de ses acquis tout en cherchant à étendre sa présence dans de nouvelles régions ou segments de marché. Notre objectif est de maintenir et de renforcer nos positions comme un acteur innovant dans le transport routier de voyageurs, tout en continuant à répondre aux besoins changeants des régions et des métropoles, avec des solutions de mobilité durable.

 

Quels sont les ambitions pour le groupe CFTR à 5 ou 10 ans pour les territoires que vous exploitez et pour ceux que vous allez conquérir ?

Comme je vous le disais, la raison d’être de CFTR est de fournir une alternative crédible aux grands leaders mondiaux sur les marchés régionaux et sur les marchés des métropoles.  Nous avons passé une première étape avec l’ouverture à la concurrence en Île-de-France et avec des renouvellements en région Auvergne Rhône-Alpes et Normandie. Notre objectif est de continuer à nous développer sur ces axes et sur ces territoires, avec une croissance maîtrisée, raisonnée et raisonnable. Tout en apportant un supplément d’âme aux marchés déjà existants, nous restons attentifs à d’autres opportunités sur des marchés dynamiques. Mais je le répète avec une croissance raisonnée, raisonnable et profitable.

 

Propos recueillis par Pierre Lancien

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Directeur Général Adjoint de Keolis, en charge de l’Île-de-France

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Directrice Stratégie, Transformation et RSE de Transdev France