« Depuis des années, nous travaillons à restructurer le réseau de bus de Liège pour qu’il s’interconnecte efficacement avec le tram »
La mise en service du tram constitue un événement très attendu pour faciliter les mobilités et accompagner le développement de la métropole liégeoise. Que représente cette ligne de tram ?
Jean-Michel Soors : Cette ligne de tram est véritablement le symbole du renouveau de la mobilité urbaine durable. Elle va de toute évidence améliorer considérablement la mobilité liégeoise par son temps de parcours attractif (32 min pour parcourir les 11,7 km de tracé), ses rames capacitaires (jusqu’à 370 passagers), son accessibilité (de 5h à 1h du matin, avec une fréquence soutenue toute la journée) et son intermodalité (avec le train, les lignes de bus restructurées autour du tram, les voitures par la construction de P+R aux terminus et les modes doux). Mais le tram à Liège ne représente pas qu’un formidable outil de mobilité, les apports sont beaucoup plus larges, notamment en termes de :
- Transition environnementale : le tram étant 100% électrique, il est nettement plus respectueux pour l’environnement que les bus qu’il remplace.
- Qualité de vie en Ville : le tram permet de connecter et d’apaiser les quartiers, de réduire les nuisances sonores et d’améliorer la qualité de l’air
- Développement économique : le tram est un catalyseur de développement économique, ce qui permettra à Liège de se redynamiser.
- Urbanisme : le tram a permis, tout le long de son tracé, sur pas moins de 50 Ha, d’aménager l’espace public de manière qualitative, en étudiant minutieusement et en soignant l’insertion urbanistique de la ligne dans la Ville, compte tenu de l’histoire de chaque quartier traversé.
Dites-en nous plus…Comment s’est réalisé ce projet ?
Jean-Michel Soors : Ce projet a été particulièrement long puisqu’il a commencé en 2007 ! C’est en effet en 2007 que l’idée d’un tram a été mise sur la table et apportée au niveau du Gouvernement Wallon en 2008 pour décision. Le choix (judicieux) d’un PPP a alors été fait pour permettre de réaliser ce projet d’ampleur sans alourdir la dette de la Région. Après plusieurs aller-retours avec l’Europe et une première attribution à laquelle nous avons dû renoncer, nous avons finalement pu conclure un contrat avec un prestataire en 2019. Les travaux ont débuté en 2019 et ont traversé la tempête des années qui ont suivi : crise Covid-19, inondations importantes dans la région liégeoise, guerre en Ukraine, sans compter la complexité du sous-sol liégeois. Rien n’aura été épargné au projet, si bien qu’il aura duré 2,5 ans de plus que prévu. Aujourd’hui, nous sommes fiers d’être parvenus, avec l’aide de tous nos partenaires dont Transamo, à mettre en service cet outil qui va révolutionner la mobilité liégeoise.
On met le focus sur le tram, mais je tiens également à souligner qu’un tram ne peut venir seul. Depuis des années, nous travaillons à restructurer tout le réseau de bus de la Ville de Liège pour qu’il puisse s’interconnecter efficacement avec le tram et qu’on puisse obtenir une cohérence globale de la mobilité à l’échelle de l’arrondissement de Liège. Ainsi, le nouveau réseau tram-bus permettra d’être plus lisible, plus performant, plus attractif et plus interconnecté.
Toute cette restructuration du réseau bus s’est fait avec le concours de Transamo qui, par l’intermédiaire de son modèle d’optimisation très performant, nous a permis de concevoir, le plus efficacement possible, le réseau bus de demain.
Quel rôle Transamo a -t-il joué dans ce projet ?
Jean -Luc Paroissien : Le TEC, ayant opté pour un PPP pour la mise en œuvre de la ligne de tram, lance un appel d’offre pour concevoir les études d’avant-projet, bâtir les exigences requises pour la construction et la maintenance de l’ensemble des systèmes de transports, des aménagements urbains, des infrastructures bâtimentaires et des ouvrages d’arts.
Un groupement Franco-belge, nommé LiègeTram se constitue pour soumissionner à l’appel d’offre lancé par le TEC. Il est composé du bureau d’études liégeois Greisch (mandataire), STIB Transamo, Richez_Associés, Daniel Boden, AAST, TRANSITEC (France), avec la participation de Jacques Fryns, Marc Aurel, Eric Rhinn, et Geste Engineering.
Nous sommes lauréats, et l’aventure débute mi 2011.
Transamo prend en charge la partie systèmes de transports et matériel roulant.
Quelles ont été vos principales missions ?
Jean -Luc Paroissien : Nous avons apporté toute notre expertise et nos compétences acquises, des études à la mise service, à travers maintenant plus de 20 réalisations de ligne de tramway.
Pour le projet du tram de liège, d’un point de vue technique, nous avons porté les études d’avant-projet sur l’ensemble des systèmes de transport (SAEIV, Billettique, courant faible, Energie, Lac, PCC, voie ferrées, signalisation ferroviaire,,… ) , la définition du matériel roulant, et l’exploitation de la futur ligne.
Au titre du PPP, nous avons participé à la rédaction du cahier des charges sur les exigences requises et les obligations techniques, sécuritaires du tram. Durant la construction, Transamo s’est assuré que l’ensemble des exigences demandées au PPiste étaient respectées.
D’un point de vue mobilité, nous avons co-concu avec le TEC leur nouveau réseau Tram+Bus .
A la demande du TEC, en amont et durant la marche à blanc, Transamo a accompagné les équipes du TEC pour la montée en compétences et la prise en main de la gestion de l’exploitation.
En quelques mots, que retiendrez-vous de cette collaboration ? que vous a-t-elle apporté ?
Jean-Michel Soors : En 3 mots : très bonne collaboration. Que ce soit lors de la restructuration du réseau bus ou lors de l’accompagnement à la mise en exploitation du tram, nous avons trouvé en Transamo un partenaire de qualité, à l’écoute, qui nous éclairait et nous orientait vers les bonnes décisions.
Jean -Luc Paroissien : L’ensemble des équipiers de notre groupement ont fait corps avec le TEC et son personnel. Près de 15 ans de collaboration, cela crée des liens. Mes 3 mots sont Confiance, Partenariat et Respect.
A titre personnel, j’ai été touché par la gentillesse et la bienveillance sincère de nos amis belges.
Et maintenant, quels sont vos prochains projets ?
Jean-Michel Soors : Bien que les restrictions budgétaires ne nous épargnent pas, nous avons de grands projets en cours, tels que :
- La décarbonation complète de notre flotte. A cet égard, je vous laisse deviner qui nous accompagne dans ce projet…
- Le redéploiement de notre réseau bus pour améliorer le v/k de nos lignes
- La finalisation de la restructuration du réseau bus liégeois par la mise en place de lignes de bus à haut niveau de service, ainsi que des lignes structurantes en remplacement des extensions du tram qui, par décision Gouvernementale, ne se feront pas.
Propos recueillis par Camille Valentin