Pas question pour Keolis et GCK de rester spectateurs dans la course au rétrofit. Les deux entreprises viennet d’annoncer leur projet de transformer un autocar Iveco Crossway équipé d’un moteur thermique transformé pour fonctionner à l’hydrogène. Présenté le 30 janvier à l’occasion du Salon Hyvolution, le projet répond en quelque sorte à celui que Transdev et EHM avaient dévoilé en septembre dernier. Pour GCK, spécialisée dans les solutions de mobilité décarbonée, cette nouvelle étape s’inscrit dans une approche «technologiquement agnostique», déclare son président, Eric Boudot. Deux modèles de véhicules ont d’ailleurs déjà été équipés d’un moteur V8 à combustion hydrogène, une Jeep et une voiture GT de compétition Foenix. Les centaines d’heures d’essais effectués avec ces bolides permettent à présent de décliner la technologie sur un autocar, dont le démonstrateur doit être mis au point d’ici la fin 2024. «Ce projet nous permet aussi d’aller au bout de l’économie circulaire avec la transformation d’un moteur Cursor», précise Eric Boudot, président de GCK. Les modifications à apporter concernent principalement le système d’injection et sont moins importantes que sur les véhicules à équiper de pile à combustible. Le moteur Cursor 9 équipe également les autocars à gaz, ce qui élargit la cible potentielle des véhicules transformables.
«Nous savons que GCK a la capacité de mener à bien les opérations de transformation, ainsi que les phases de tests sur bancs, circuits et routes, en vue de l’homologation visée courant 2025», poursuit Pierre Gosset, directeur industriel de Keolis. L’objectif du groupe de transport est avant tout de répondre aux attentes des autorités organisatrices en matière de mobilité décarbonée pour les lignes interurbaines. Le paramètre déterminant sera l’autonomie du véhicule rétrofité, qui doit atteindre 200 km afin d’adresser des usages similaires à ceux d’un car thermique. Les deux groupes progressent ainsi ensemble dans la gamme de solutions de rétrofit hydrogène, puisqu’ils travaillent déjà sur l’équipement en batteries et pile à combustible de quatre Crossway LE, destinés au SMTC de Clermont-Ferrand. «Il y a de la place pour l’ensemble des solutions en fonction des cas d’usage et des contraintes d’exploitation», poursuit Pierre Gosset. «Sur les véhicules lourds comme les cars et les dameuses, nous avons d’abord donné la priorité au rétrofit avec pile à combustible, et nous avons 50 véhicules en cours de transformation qui seront livrés cette année. Nous attendions l’évolution de la législation pour lancer ce projet de moteur à combustion hydrogène», reprend Eric Boudot. Cette solution présente aussi l’avantage de mobiliser des technologies thermiques, déjà maîtrisées par les industriels européens. Reste à assurer la production et la distribution d’un hydrogène décarboné, à des coûts compatibles avec les contraintes économiques des transporteurs.
Sandrine Garnier