L’interruption pour au moins deux mois du trafic ferroviaire entre la France et l’Italie pourrait bien créer un précédent dans la jeune histoire de l’ouverture du réseau français à la concurrence. Selon nos informations, Trenitalia et la SNCF sont en discussion pour permettre à la compagnie italienne d’entretenir ses rames à grande vitesse Frecciarossa sur une installation de maintenance du groupe français. Quel rapport avec l’éboulement survenu le 27 août dans la vallée de la Maurienne (Savoie) qui a gravement abimé la voie? Le sinistre a entrainé une première conséquence visible, celle de suspendre l’un des deux matchs que se livrent les deux entreprises ferroviaires. La SNCF et Trenitalia s’affrontent en effet sur la destination Paris-Milan depuis fin 2021.
Pas de quoi mettre cependant fin à la présence en France de la compagnie translapine qui peut continuer d’exploiter ses dessertes Paris-Lyon, jusqu’ici apanage de la SNCF. Seul impact, des rames rouges étant bloquées de l’autre côté des Alpes, la fréquence sur cette ligne a été ramenée à 2 allers et retours quotidiens contre 3. Mais Trenitalia se trouve toutefois gênée aux entournures puisqu’elle ne peut plus renvoyer ses rames à proximité de Milan où elle les fait régulièrement réviser. Dans l’immédiat, le groupe «a mobilisé, en urgence, une équipe d’experts de Milan pour réaliser une partie de la maintenance des trains Frecciarossa en France», a-t-il fait savoir le 1er septembre.
Mais maintenant, il s’agit de trouver une organisation pérenne surtout si la réouverture de la desserte internationale prend plus de temps. «Nous discutons en effet avec SNCF Voyageurs pour pouvoir faire de la maintenance», confirme l’entreprise publique italienne. «Nous avons fait une offre et nous espérons que Trenitalia l’acceptera», détaille pour sa part Christophe Fanichet, le PDG de SNCF Voyageurs, dans le rôle du beau joueur. Tout dépendra du tarif proposé par la SNCF, qui se trouve en position de force, ainsi que des conditions opérationnelles. Jusqu’à présent, les discussions que des candidats aux marchés français ont eues sur ce sujet avec l’ex-monopole ont capoté pour ces raisons. Mais les Italiens n’ont pas vraiment d’alternative.
Marc Fressoz