« Moderniser l’offre de formation va renforcer la visibilité du secteur »
Mobily-Cités : Comment expliquer les difficultés de recrutement persistantes dans les transports publics ?
Géraldine Adam : Après un trou d’air lié au Covid, les entreprises des transports urbains et ferroviaires font face à un accroissement des besoins généré par le nombre important de départs en retraite et aux recrutements induits par l’augmentation de l’offre. Or, les réservoirs de candidats traditionnels ne suffisent plus, et l’on constate une désaffection pour les métiers de la conduite, mais aussi pour les fonctions d’exploitation et de maintenance. Ce manque d’attractivité se retrouve également au niveau des profils de type ingénieur et technicien.
Comment remédier à ce déficit d’attractivité ?
Sans nier les contraintes horaires, le secteur des transports et de la mobilité offre des conditions de travail plutôt bonnes et des débouchés, y compris à des personnes dépourvues de formation initiale. De plus, les transports publics participent pleinement de la décarbonation de l’économie, et mettent en œuvre des solutions techniques innovantes. Enfin, le secteur s’est engagé dans la féminisation des effectifs, possible dans la totalité des activités, y compris la maintenance.
Aujourd’hui, les jeunes recherchent de plus en plus un métier porteur de sens. En inscrivant l’ensemble des formations dans un large secteur des mobilités durables, en renforçant leur présence dans les filières techniques et professionnelles, les employeurs vont améliorer leur attractivité. Cette dynamique est aussi un levier pour la reconversion. L’ensemble du secteur doit aussi anticiper les effets de l’ouverture à la concurrence, en décloisonnant les parcours de formation. Traditionnellement, les nouveaux embauchés étaient formés directement au sein de leurs entreprises au sein desquels ils faisaient carrière. Aujourd’hui la relation au travail à changer, et les branches professionnelles doivent s’inscrire dans des logiques de parcours qui facilitent les mobilités des salariés.
En quoi la démarche initiée par l’UTP est-elle novatrice ? quelles en sont les prochaines étapes ?
Il s’agit de la première évaluation effectuée en tenant compte de la mutualisation des besoins sur les secteurs urbain et ferroviaire. L’ensemble des employeurs ont été mobilisés dans le cadre de cette démarche, avec une réflexion spécifique sur les synergies possibles et les spécificités des différentes activités. Nous avons défini quatre grandes familles de métiers : conduite, maintenance, exploitation, ingénierie/innovation. La RATP, qui est l’un des opérateurs offrant une large palette des missions et des modes, peut fournir un modèle inspirant pour structurer une offre de formation sectorielle.
Nous avons initié ce projet dans le cadre de France 2030, avec le soutien du programme « Compétences et métiers d’avenir », opéré par la Caisse des dépôts et l’Agence nationale de la Recherche. La première phase a porté sur la réalisation des diagnostics des besoins en compétences et en formations, que nous avons présentés au cours du séminaire du 21 juin au sein de LEA-CFI. Il nous faut maintenant passer à la construction des dispositifs de formation. Là encore, nous préparons un dossier dans le cadre du volet « dispositifs de formation » de l’appel à manifestation d’intérêt « Compétences et métiers d’avenir ». Nous avons besoin du soutien des pouvoirs publics pour dégager les moyens nécessaires à l’évolution et à la modernisation des parcours de formation des salariés.