« Je ne sais pas combien de temps je serai ministre » s’est interrogé deux fois le ministre aux vœux de l’UTPF début janvier. Puis le 15, à ceux du Gart, il a confié avoir passé « une semaine un peu compliquée » en raison de « quelques âmes malintentionnées qui ont cherché à me détourner de ma mission ». Une allusion à l’information parue dans le Monde (13/01) révélant une enquête ouverte en 2021 par le Parquet national financier pour soupçons de « détournement de fonds publics » et « prise illégale d’intérêts ».
Au centre des interrogations selon le Monde les « 137 872 euros net de rémunérations diverses déclarées en 2019 » au titre de différentes fonctions cumulées : au sein du groupement d’intérêt public (GIP) touristique et culturel puis à la communication pour la commune du Cannet (Alpes-Maritimes) tenue par sa sœur Michèle, et comme vice-président de la région PACA.
Même s’il est présumé innocent – il n’est pas même mis en examen – le ministre ne sera-t-il pas affaibli au sein du gouvernement pour convaincre Bercy et Matignon d’imposer la création d’un versement mobilité (VM) régional (0,2%) et d’un versement additionnel (0 ,2%) ? A en croire son prédécesseur François Durovray, ce sujet était mûr comme un fruit prêt à tomber. « J’avais obtenu l’arbitrage de Bercy et de Matignon pour qu’ils soient votés dans la loi de finances 2025, c’était inespéré » affirme l’ex-ministre. Mais patatras ! c’est le gouvernement Barnier qui est tombé en décembre.
Pour les partisans d’une hausse la pression fiscale sur les entreprises au profit des transports, une occasion inespérée est peut-être passée. A en croire des connaisseurs du dossier, le rendement de ce potentiel VM régional serait extraordinaire, bien meilleur qu’espéré. Il pourrait rapporter une bonne centaine de millions d’euros à la région Occitanie de Carole Delga par exemple.
Il faut désormais tout reprendre alors que le Medef dit son opposition à ce prélèvement auprès du gouvernement Bayrou. Curieusement, dans ses discours, Philippe Tabarot n’a pas développé le sujet du financement. En aparté, il explique toutefois qu’il défendra le VM dans le projet de loi de finances. Mais à côté de lui, son ami Louis Négre président du GART se résout à l’idée probable que le sujet est renvoyé à la Conférence des mobilités. Annoncée par le Premier ministre François Bayrou, elle s’ouvrira sans doute en mars. Le ministre Tabarot défendra un effort partagé par tous, « collectivités, entreprises, usagers » sur le modèle de l’accord passé entre l’Etat et Ile-de-France mobilités avant les JO.
En attendant, le sénateur des Alpes-Maritimes se raccroche à une ligne sécuritaire, une valeur sûre. Il se porte garant de la sécurité des usagers dans les transports avec une proposition de loi dans les cartons. La qualité de service constitue aussi son « obsession » sa « boussole » expose-t-il, laissant entendre qu’il tapera sur les doigts des grands opérateurs SNCF, RATP, ADP s’ils sont défaillants. Cela fait-il une politique des transports.
Marc Fressoz