La Collectivité de Corse a voté la création d’un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) pour remplacer l’actuelle société d’économie mixte en charge de l’exploitation du réseau ferroviaire insulaire, qui totalise 232 km à voie unique. Cette nouvelle étape vise à «renforcer la stratégie en terme de mobilité à moindre impact carbone et connecter le rural aux périurbains et hyper-centres, tout en offrant aux usagers un service de qualité performant», commente Flora Mattei, conseillère exécutive de Corse. En cohérence avec la gestion du réseau (transféré à la collectivité dès 2002), cette nouvelle organisation doit permettre de moderniser l’offre avec l’objectif de réduire les temps de trajets interurbains et doubler globalement sur 5 ans la part modale ferroviaire sur les dessertes périurbaines d’Ajaccio et de Bastia. Un cadencement au quart d’heure est envisagé sur les tronçons les plus chargés, ainsi qu’une extension de la desserte aux centres-villes de Bastia et d’Ajaccio ainsi qu’à destination des aéroports. D’ores et déjà, une série d’investissements ont été menés ou sont encore en cours : renouvellement des voies sur le périurbain ajaccien (5, M€) et bastiais (8 M€) d’ici à 2025 et 2027 ; extension à l’ensemble du réseau de la Commande centralisée (22,5 M€) effective en 2024 ; rénovation des gares et des stations (11,8 M€) ; modernisation des ateliers de Casamozza (5 M€) ; interventions sur les ouvrages d’art (5,6 M€), modernisations de passages à niveau (1,8 M€) ; confortement de parois rocheuses (2,23 M€)… Il faudra encore ajouter l’acquisition de nouveaux matériels roulants de type tram-train, adaptés à la desserte péri-urbaine, sans compter la dédiesélisation des AMG 800 actuels.
Missionné à la demande du Secrétariat général pour les affaires de la Corse, qui assiste la préfecture de Région, le Cerema a rendu en septembre 2020 un rapport sur l’évolution de l’offre ferroviaire projetée par la Collectivité de Corse. Ses conclusions sont plutôt positives : les surcoûts d’exploitation sont estimés à 30% pour une hausse de l’offre de 235% d’ici à 2030. Le scénario d’exploitation incluant les extensions vers les centres-villes et aéroports permet un passage de 1,1 à 2,5 millions de trains.km annuels. «L’ensemble des projets portés par la collectivité est de nature à confirmer le passage d’un train folklorique un peu vieillot (situation dans les années 2000) à un réseau de transport moderne perçu comme une véritable alternative à la voiture, autant pour les habitants que pour les touristes», indique le Cerema. En incluant les gros investissements de renouvellement et modernisation lissés sur leur durée de vie, le coût kilométrique moyen du réseau corse se situe aux alentours de 32€/train.km HT. Le Cerema souligne que « cette valeur est inférieure à la moyenne du TER français (de 35 à 40 € HT /train.km) ».
S. G.