Mobily-Cités a organisé, le 22 mai 2024 à Paris, une keynote sur les promesses de l’autonomisation avec l’assureur Macif et l’ITE Vedecom. Malgré les nombreux freins à la mise en circulation de navettes autonomes en route ouverte, l’enjeu est désormais de passer des expérimentations à des pilotes de services.
La navette autonome va t-elle trouver sa place parmi les différents modes de déplacement? «L’essayer, c’est l’adopter», a assuré Nicolas Marescaux, directeur Influence Ecosystème et Prospective à la Macif lors de la keynote consacrée aux promesses de l’autonomisation lors de la Matinale Mobily-Cités le 22 mai 2024. D’ailleurs, les Français seraient prêts à monter à bord selon la 4ème édition du baromètre d’acceptabilité du véhicule automatisé Macif & Vedecom publié en mars 2024: trois répondants sur quatre considèrent, en effet, qu’une navette automatisée serait bénéfique dans divers contextes comme la création de nouvelles dessertes, celle de dessertes au sein de grands sites ou de dessertes renforcées (la nuit, par exemple) pour le premier ou dernier kilomètre, une desserte temporaire ou encore le remplacement d’une ligne existante. Et 74% jugent pertinent d’utiliser d’anciennes lignes ferroviaires pour y installer un service de navette automatisée.
Aujourd’hui, les navettes en circulation sont des expérimentations qui s’inscrivent dans un régime dérogatoire. «Tout l’enjeu consiste, désormais, à franchir une étape et de passer de l’expérimentation à la production, c’est-à-dire à des pilotes de service», a expliqué Eric Lebeau, directeur général de l’ITE Vedecom lors de la keynote. C’est tout le sens du projet RIMA (Réseau Inclusif de Mobilité Automatisée), lauréat en mai 2023 de l’Appel à Projet Mobilités Routières Automatisées, lancé dans le cadre du PIA4 – France 2030: après une expérimentation en territoire Crest Val de Drôme en 2020-2021, le consortium formé de Gama (ex-Navya), Beti, Eurovia (groupe Vinci) et Macif souhaite passer d’une logique de ligne à une logique de réseau à partir du second semestre 2024.
Pour y parvenir, il faut au préalable lever plusieurs freins: tout d’abord, la fiabilité des navettes autonomes doit encore être améliorée. Pas question de lancer des services comme les robotaxis Waymo aux Etats-Unis qui ont multiplié les accidents. Leur mise en œuvre nécessitera qu’il y ait un superviseur qui puisse reprendre la main en cas de problème. Autre frein de taille, le coût. Comment faire payer les usagers? Et quid des collectivités? Plusieurs solutions se dessinent: à court terme, Nicolas Marescaux croit à un système d’abonnement; à plus long terme, l’enjeu est d’industrialiser la production des navettes afin de faire baisser les prix. «Des constructeurs comme Renault et Stellantis commencent à partager leurs composants pour baiser le coût des véhicules», a souligné Eric Lebeau. Idem pour le recours à des spécialistes de l’automatisation. Autre souci, l’homologation des véhicules reste un parcours du combattant, et il faut aussi penser à celle des parcours… Enfin, «la réglementation n’est pas à la hauteur», a déploré Eric Lebeau: 80% des répondants au baromètre sont prêts à partager la navette avec la livraison de colis, ce qui n’est pas possible aujourd’hui.
Pourtant, Nicolas Marescaux reste convaincu que les navettes autonomes ont un avenir en milieu rural et périurbain. Elles pourraient aussi répondre à des besoins non satisfaits comme l’accès à un hôpital: 135 d’entre eux, selon lui, ne sont pas accessibles aujourd’hui en transport en commun…
Florence Guernalec