«Le grand enjeu, ce n’est pas les centres-villes mais les périphéries», lance Karima Delli. Présente à l’occasion de la conférence de presse organisée par les sénateurs écologistes Mélanie Vogel et Jacques Fernique, l’eurodéputée soutient la mise en place d’un titre de transports unique qui donne accès aux Intercités, aux TER, aux autocars, en incluant l’Ile-de-France. a ses yeux, le projet de Pass Rail porté par le ministre des Transports, Clément Beaune, manque de volontarisme en se concentrant uniquement sur les grandes métropoles. «Nous devons mettre en place un Ticket Climat qui permet l’utilisation de tous les transports publics, partout en France, pour permettre à l’ensemble de nos concitoyens de se déplacer à un coût abordable», poursuit Mélanie Vogel, sénatrice représentant les Français établis hors de France, et co-présidente du Parti vert européen. Surtout, les élus écologistes veulent susciter le report modal, «qui ne peut fonctionner sans investissements massifs dans le réseau ferroviaire et sans un choc d’offre des services de transports», complète Jacques Fernique, sénateur du Bas-Rhin. Le ticket climat implique un soutien réel aux transports publics et un investissement massif dans le réseau ferré, affirment les sénateurs écologistes, qui déposent une résolution en ce sens.
Pour étayer leur argumentation, ils vont pouvoir s’appuyer sur l’étude réalisée par le cabinet Trans-missions à la demande du groupe des verts et de Karima Delli, présidente de la Commission Transports du Parlement européen. Outre un état des lieux du réseau ferroviaire français et le rappel du sous-investissement chronique qui affecte sa performance, ce livre blanc propose une évaluation chiffrée du Ticket Climat, inspiré du Deutschlandticket à 49€ lancé en mai dernier. Patricia Pérennes, consultante au sein du cabinet Trans-missions, livre une synthèse des modélisations : le coût du Ticket Climat pourrait ainsi varier de 500 M€ à 3 Md€. La fourchette basse est calculée à offre constante sur les seuls TER et Intercités, et la plus haute inclut une augmentation de l’offre et l’accès à l’ensemble des transports, y compris l’Ile-de-France. «3 Md€, ce n’est pas difficile à trouver», lance Mélanie Vogel, qui rappelle que le soutien au prix des carburants a coûté 7,5 Md€. Taxes sur l’aérien ou les autoroutes: les pistes de financement ne manquent pas. «La taxe poids lourd à elle seule pourrait rapporter 1,5 Md€ par an», ajoute Karima Delli. Restera tout de même à trouver les ressources nécessaires aux coûts de fonctionnement induits par un choc d’offre. Pour Jacques Fernique, «il est inéluctable de remettre en question le tabou des péages ferroviaires, et d’élargir à l’ensemble des AOM la possibilité d’augmenter le versement mobilité, comme l’a obtenu l’Ile-de-France.» L’examen du projet de budget 2024 permettra-t-il de faire avancer les choses ?
Sandrine Garnier