« Nous voulons convertir notre flotte de bus à l’hydrogène et au bioGNV »
Lorient agglomération s’engage résolument dans la transition énergétique, avec de l’hydrogène vert qui sera produit localement par Lhyfe. Des investissements conséquents et un choix politique assumé par le président de la collectivité, Fabrice Loher, et sa vice-présidente en charge des Mobilités, Maria Colas.
Propos recueillis par Sandrine Garnier
Mobily-Cités : Lorient se caractérise par une forte ambition en matière de transition énergétique, et en particulier sur l’hydrogène. Comment cela va-t-il se traduire dans les transports publics ?
Maria Colas : Nous prévoyons pour la prochaine DSP la décarbonation complète de la flotte de bus dont Lorient Agglomération est propriétaire. Notre objectif à terme est de parvenir à 80% de bioGNV et 20% d’hydrogène. Nos premiers bus BioGNV sont entrés en service en septembre dernier, et nous attendons pour la rentrée prochaine sept véhicules hydrogène. La transition énergétique figure d’ailleurs parmi les priorités de Fabrice Loher, président de Lorient agglomération, avec un projet centré sur la production locale et les énergies renouvelables.
En parallèle, nous avons engagé une réflexion sur l’évolution vers une propulsion hydrogène des bateaux qui traversent la rade. La consultation est en cours, avec quatre dossiers à l’étude. Les cinq lignes maritimes transportent un million de voyageurs par an.
Ces projets supposent des investissements élevés. Comment comptez-vous les financer ?
Bien sûr, entre l’achat des véhicules et la mise à niveau des dépôts ou encore la construction des stations d’avitaillement, les investissements sont conséquents, entre 30 et 40 M€ au total. Et les évolutions réglementaires impliquent également des surcoûts sur les investissements nécessaires à la modernisation des dépôts. Mais il s’agit d’un choix politique. Les émissions de GES ainsi que de polluants ont des répercussions sur la santé de nos concitoyens, qui génèrent également des coûts pour la société.
Vous avez également lancé, à la fin 2022, une offre de covoiturage. Quels sont les premiers résultats ?
Le démarrage du covoiturage que nous avons lancé avec la société Karos a été très encourageant, puisque le nombre d’utilisateurs a été aussi important sur les deux premières semaines de janvier que sur les six dernières semaines de 2022. La prime gouvernementale a également contribué à ce succès.
Et le vélo ? comment l’intégrez-vous à votre politique de déplacements ?
Nous soutenons les modes doux et actifs avec une aide à l’acquisition des vélos électriques de 200€, qui a déjà bénéficié à plus de 2000 personnes. Concernant les aménagements cyclables, l’agglo ne dispose pas de la compétence voirie, mais nous finançons 50% sur les études et 30% pour les travaux. Et nous travaillons à la mise en place d’un nouveau schéma cyclable articulé avec celui de département du Morbihan, afin de proposer un environnement global favorable à la pratique du vélo au quotidien. Tout cela vise à inciter nos concitoyens à délaisser la voiture pour un panel de solutions complémentaires et multimodales.
Quelles sont les évolutions tarifaires ? Croyez-vous à la gratuité comme levier d’attractivité ?
J’estime qu’il faut à la fois une offre adaptée aux besoins et des tarifs incitatifs. Notre formule d’abonnement annuel permet de bénéficier de deux mois gratuits, nous avons un tarif étudiant à 10€ par mois, et un tarif scolaire à 174€ par an, utilisable sans restriction sur les transports urbains. Le réseau propose également une tarification solidaire, dont le prix des abonnements varie selon les revenus de chacun. De plus, la nouvelle billettique qui sera déployée fin 2023 va encore faciliter les choses pour les usagers, avec la mise en place du post-paiement qui permet de payer uniquement les voyages effectués, et de bénéficier du meilleur tarif.