Centre Bus Aubervilliers converti au GNV

Le bioGNV, élément indispensable du mix énergétique en Ile-de-France

23 10 2023 | Actualités

Avec 1000 véhicules exploités par la RATP, et 2000 au total sur les lignes d’Ile-de-France Mobilités, le GNV représente un axe majeur du mix francilien. Valérie Pécresse, présidente de la région et d’IdFM, n’a pas manqué de souligner l’importance de cette énergie, et particulièrement du bioGNV, en visitant le Centre bus d’Aubervilliers le 20 octobre: «Il n’y a pas de de mono-choix en matière de transition énergétique. L’Union européenne a contribué au financement des méthaniseurs et des véhicules, le futur règlement CO2 doit donc reconnaître la nécessité du mix énergétique.» La priorité restant la sortie du diesel. Un plaidoyer pour le biométhane doublé d’un soutien au mode bus, qualifié de «pilier indispensable de la révolution des transports» menée dans la Région. «En grande couronne, le bus est souvent le seul transport public», a repris Valérie Pécresse, en annonçant un nouveau plan bus en préparation, qui doit notamment lancer les premières lignes de cars express de la Région.

Si les modes lourds (RER, métro, tramway) sont électriques, les 10 000 bus franciliens sont encore majoritairement thermiques. Pour atteindre la neutralité carbone, Ile-de-France Mobilités investit 600 M€ dans la conversion de ses centres bus et 1,2 Md€ dans l’achat de véhicules pour une sortie du diesel à horizon 2025, y compris pour la grande couronne. 40 dépôts ont déjà été convertis, dont 38 au GNV et 7 à l’électrique. Et 27 sont encore en travaux, dont 20 GNV et 7 électriques. La conversion du centre bus d’Aubervilliers, le plus grand exploité par la RATP, a coûté 19,3 M€ à l’autorité organisatrice. Il accueille 100 bus bioGNV sur un total de 300, qui seront tous remplacés d’ici à la mi-2024. «Le programme de conversion des bus a déjà permis de réduire sensiblement la consommation de gazole, passée de 76 M de litres en 2021 à 58 en 2022, souligne Jean Castex, président de la RATP. Le déploiement d’un plan solaire, avec l’installation d’ombrières et de panneaux photovoltaïques, devrait contribuer à augmenter la part de renouvelables dans la consommation énergétique des dépôts.» Lancé en 2014, le plan bus 2025 visait initialement à convertir 80% de la flotte de bus RATP à l’électrique. Face aux contraintes économiques et à la disponibilité des véhicules, la proportion bioGNV/électrique s’est quasiment inversée depuis. Autre modification notable: le recours aux biocarburants qui va accélérer la sortie du diesel en grande couronne, où quatre dépôts de bus sont déjà alimentés en HVO.

C’est bien le mix énergétique qui permet aux autorités organisatrices de maîtriser les coûts d’exploitation, et donc de réduire les émissions du transport public sans avoir à réduire l’offre. Or, pour atteindre la neutralité d’ici à 2050, l’Europe doit fixer de nouvelles règles concernant les émissions des véhicules. L’échéance initialement fixée à 2030 pour l’achat de 100% de bus «zéro émission» devrait finalement être assouplie, avec un seuil de 85%. Et les collectivités locales qui ont fait le choix du bioGNV devraient obtenir des aménagements. Si l’électrique apparaît comme une solution adaptée aux lignes de centre-ville, le bioGNV reste le choix le plus performant pour les lignes de banlieue, au kilométrage plus important. Quant à l’hydrogène, même si les véhicules commencent à être mis en service, la production et l’avitaillement en hydrogène vert reste problématique, sans parler de l’équilibre économique. «La filière GNV est mature, avec des constructeurs qui proposent de larges gammes de véhicules. La disponibilité de la ressource est assurée. Nous produisons assez de gaz renouvelable pour répondre aux besoins liés à la mobilité d’ici à 2050», indique Laurence Poirier-Dietz, directrice générale de GRDF. L’incorporation du bioGNV au mécanisme de la TIRUERT, rendue possible grâce à un amendement au Projet de loi de Finances 2024 déposé par le député Jean-Luc Fugit, va permettre de renforcer l’avantage du biogaz par rapport au gaz fossile. Et les énergéticiens préparent, à plus long terme, la production de carburants de synthèse comme le e-méthane, grâce à la technique de la pyrogazéification.

Sandrine Garnier

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