En Norvège, Eiffage bâtit la route au rythme des péages.

19 12 2025 | Actualités

Ponts dont le tablier métallique posé à terre attend son lancement au-dessus du vide, tunnels bitubes percés à la dynamite en cours d’équipement, puis viaduc de 600 mètres dont les ouvriers finissent d’installer les haubans… Bienvenue sur un chantier livrable en 2026, cofinancé par des recettes de péages autoroutiers. Nous ne nous sommes pas en France où le ministère des Transport rêve de pouvoir affecter dans les années 2030 les revenus autoroutiers aux réseaux ferroviaires, fluviaux, routiers, mais bien plus au nord, en Norvège. Ce pays pratique depuis plusieurs années un modèle un peu similaire, où toutefois le recyclage de ces recettes est circonscrit à l’univers du bitume.

« Nous disposons tous les quatre ans d’une enveloppe qui permet de moderniser le réseau routier principal du pays, explique Magné Ramlo, un des responsables locaux de l’agence Nye Veier ( Nouvelles voies ). Détachée de l’administration norvégienne en 2016, elle joue les maîtres d’ouvrage pour gérer et développer les axes majeurs, notamment ceux s’inscrivant dans le réseau transeuropéen (RTET).  Au total : 1 269 kilomètres de voies sont de son ressort ( mais aussi 40 kilomètres de voies ferrées ) avec une enveloppe d’environ 840 millions d’euros ( 1Md de couronnes norvégiennes) : 540 proviennent du budget de l’Etat (6,5 Md de couronnes) et 330 millions (4 Md de couronnes) des péages. Son action s’inscrit dans le cadre du Plan national des transports, un programme de modernisation des infrastructures.

« Notre rôle n’est pas de signer de contrats mais d’optimiser les solutions trouvées avec les entreprises privées » continue Magné Remlo à l’occasion de la visite d’un tronçon de chantier de cette section de 17 km de l’autoroute côtière E18 à l’ouest d’Oslo. Il se tient à proximité de Porsgrunn, une ville installée dans un fjord. Il s’agit de construire une voie parallèle à la route bidirectionnelle existante pour obtenir une autoroute 2X2 voies.

Son savoir-faire pointu en matière d’ingénierie et de réalisation a valu au groupe Eiffage – constructeur et concessionnaire du viaduc de Millau – de décrocher, avec un partenaire local trois contrats particulièrement complexes pour une livraison en 2026. Montant total : 670 millions d’euros. Mais depuis l’inflation du prix des matériaux a gonflé le devis.

Le parcours revient à traverser une succession de fjords et des collines avec des ouvrages ( ponts Langangen et Grenland ) caractérisés par de la pente, du devers et pour l’un en courbe. «  Nous avons proposé la solution de ponts mixtes alliant béton et acier permettant de gagner du temps lors de la construction. C’est une première alors que les Scandinaves ont toujours privilégié le béton » souligne Guillaume Sauvé, le président d’Eiffage génie civil. Le groupe de BTP travaille notamment sur le tunnel Lyon-Turin et la ligne à grande vitesse britannique High Speed 2. On trouve aussi dans son carnet de commande la réalisation de la partie lettone de Rail Baltica.

A l’évidence, ces grands travaux font office de vitrine mais pas seulement. « Ce chantier norvégien est une pépinière pour les jeunes ingénieurs d’Eiffage qui partiront ensuite un peu partout dans monde réaliser d’autres projets » analyse Thomas Tiberghien,  le chef de ce projet et ancien du viaduc de Millau. Il posera définitivement son casque une fois le travail livré.

Marc Fressoz

 

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