Jean-Paul-LIEUTAUD
Jean-Paul Lieutaud
Président de la FNTV Sud

« Les transports seront au rendez-vous du zéro émission »

Mobily-Cités : Vous avez récupéré la compétence transport en 2017. Quels en ont été les effets ?

Jean-Paul Lieutaud : La reprise en main de la compétence transport par la Région Sud en 2017 a produit des effets positifs en termes de lisibilité de l’offre et d’homogénéisation des services. En septembre 2018, la création de la marque « ZOU » a permis de réunir et d’harmoniser l’ensemble des réseaux de transports de la Région Sud : les trains express régionaux, les chemins de fer de Provence, les lignes express régionales, les lignes de car interurbains et les services scolaires. Les objectifs de ce réseau sont de simplifier la vie du voyageur, d’adapter et d’expérimenter de nouveaux services, de promouvoir l’offre et l’utilisation de transports en commun propres, et de poursuivre le dialogue avec les usagers et les acteurs des transports.

L’urgence climatique est au cœur de toutes les discussions. Qu’avez-vous mis en œuvre en Région Sud ?

Les opérateurs de la Région Sud ont pris la mesure de la transition énergétique relativement tôt. Avant le déploiement d’une offre alternative étoffée, les transporteurs se sont engagés dans des démarches environnementales, œuvrant pour la baisse des émissions de CO2 et des polluants atmosphériques, comme avec la Charte Objectif CO2.

Aujourd’hui, les opérateurs proposent un panel de solutions sur l’ensemble du territoire régional avec un mix énergétique complet : électrique, bioGNV et biocarburants.

Des appels à projet ont notamment permis de développer des solutions alternatives, comme l’AAP GNV et le dispositif MOBIGAZ, qui ont aidé au financement des autocars au GNV en cofinancement avec l’ADEME. Pour les solutions électriques, impliquant des investissements plus importants, nous avons désormais inclus dans ces appels d’offres des principes de bien de retour pour favoriser les réponses orientées vers le zéro émission.

Le stationnement des autocars est souvent un défi, notamment dans les zones urbaines et touristiques. Que propose la région et qu’avez-vous mis en place ?

Sur les grandes agglomérations comme Marseille ou Nice, les places réservées sont très limitées ou souvent occupées par des véhicules non autorisés. Certaines villes s’inspirent du schéma parisien en limitant de plus en plus l’accès des autocars, ce qui rend les déposes/reprises des touristes devant les hôtels de plus en plus compliquées.

D’autres collectivités, plus ouvertes à la discussion, ont signé des engagements avec les transporteurs pour assurer une circulation et un stationnement sécurisé. C’est le cas notamment de la ville de Cannes, avec qui la FNTV a signé une « Charte des autocaristes ».

Sur certains lieux touristiques, le stationnement est également très limité, et les négociations avec les communautés d’agglomération n’aboutissent malheureusement pas.

Comment voyez-vous l’évolution du secteur des transports routiers de voyageurs dans la Région Sud ?

La profession s’attend à un renforcement significatif des offres de transport avec une orientation toujours plus marquée vers les solutions zéro émission. Nous espérons fortement que les autorités organisatrices tiendront compte des particularités de chaque territoire, notamment sur la mise en œuvre de la planification écologique, avant d’imposer de manière impérative des décisions brutales. Il est impératif que nous bénéficions d’orientations politiques claires et d’une visibilité à long terme sur les contrats pour que nous puissions anticiper les investissements nécessaires.

Nous devons nous atteler à assurer la pérennité de l’emploi, investir dans la transition énergétique et numérique, et surtout nous préparer à l’échéance majeure des Jeux Olympiques de 2030.

Comment vous êtes-vous approprié la thématique de la transition énergétique ?

Nous avons mis en place depuis la rentrée 2023 une véritable stratégie RSE. Il s’agit d’une démarche transversale qui touche l’ensemble de nos services et les différentes strates de l’entreprise. Cette dynamique doit nous amener à mieux répondre aux enjeux sociétaux, territoriaux et de business auxquels nous sommes confrontés. Elle nous permet également de susciter et d’entretenir l’adhésion de l’ensemble des salariés à la conduite du changement. La RSE touche aussi des sujets comme la qualité de vie au travail et le développement de la marque employeur, qui sont essentiels pour améliorer l’attractivité de nos métiers. Et nous nous sommes engagés dans une démarche de certification Objectif CO2.

Propos recueillis par Pierre Lancien

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