Jean Marc-Zulesi
Jean-Marc Zulesi
Député des Bouches-du-Rhône, Président de la Commission Développement Durable de l'Assemblée Nationale

La décarbonation des mobilités : un enjeu écologique et social

Nos déplacements n’ont jamais autant été interrogés à l’heure où le dérèglement climatique nous oblige à agir de toute urgence.
Plusieurs enjeux s’offrent à nous : aller vers des modes de transports plus vertueux et les rendre accessibles pour le plus grand nombre.

Avec la majorité présidentielle, nous nous attachons depuis 6 ans à déployer des mobilités plus propres. Nous avons conscience qu’il faut aller plus vite et avoir une vision à long terme pour les usagers et pour l’avenir du secteur des transports.

C’est pour cela que nous continuerons d’investir massivement dans les transports. Lors de la remise du rapport du Conseil d’orientation des infrastructures (COI), en février dernier, plusieurs scénarios ont été présentés.
La Première ministre a alors annoncé un plan historique en faveur des infrastructures. Ce plan comprend deux axes majeurs : le développement des transports du quotidien et la décarbonation du secteur.

La décarbonation de nos transports se fera en partie grâce au ferroviaire. Le 1er investissement doit donc passer prioritairement dans la régénération de notre réseau ferroviaire. C’est pourquoi nous investirons 100 milliards d’euros pour ce secteur d’ici à 2040. C’est inédit et cela transformera profondément nos modes de déplacements. Cela permettra de rendre plus efficace et compétitif notre réseau national afin d’inciter davantage les usagers au report modal.

Ces 100 milliards d’euros doivent également continuer de financer nos petites lignes ferroviaires. C’est une priorité. Dans ma circonscription, je soutiens la réouverture de la ligne Aix-Rognac afin de permettre aux habitants du pourtour de l’étang de Berre de rejoindre la bassin d’emploi d’Aix-en-Provence sans avoir recours à la voiture individuelle. Par ces réouvertures, nous pourrons enfin proposer une alternative écologique et accessible à nos concitoyens.

L’intérêt du train en matière environnemental n’est plus à démontrer mais son intérêt social est d’autant plus important dans le contexte actuel. En effet, il est également un puissant outil pour relier et désenclaver nos territoires.
Alors que le Président de la République a annoncé faire du plein-emploi une priorité de son mandat, l’enjeu de l’accessibilité des transports du quotidien est fort. Nous ne réussirons pas le plein-emploi sans rendre les transports accessibles à tous, c’est une nécessité.
Nous ne pouvons que corréler les bénéfices du désenclavement de nos territoires et la baisse du chômage. C’est pourquoi nous devons créer des solutions de transports permettant d’aller chercher les usagers oubliés et ainsi rapprocher les métropoles des territoires périurbains et ruraux.

C’est tout le sens de la proposition de loi que je porte, qui vise à accélérer le déploiement des services express régionaux métropolitains. Le Président de la République avait annoncé en novembre dernier, vouloir développer les RER métropolitains dans 10 métropoles dans les 10 prochaines années. La proposition de loi que je défends visera à créer les conditions de ce déploiement en élargissant les compétences de la Société du Grand Paris afin d’intervenir sur ces projets. Il s’agit de créer de grands projets cohérents à l’échelle d’un territoire et pas seulement d’une métropole. Ces projets seront construits par les collectivités territoriales pour correspondre au mieux aux besoins locaux.

Pour faire de la décarbonation de nos transports un outil social, le train ne suffira pas. La complémentarité des modes de transport est la clé !

L’usage de la voiture reste central dans les déplacements de nos concitoyens. Quand nous ne pouvons faire sans, nous devons changer de paradigme pour aller vers des véhicules plus propres. C’est le sens des aides à l’acquisition de véhicules propres. Ces aides, nous les maintenons mais il est nécessaire de les rendre plus pertinentes. C’est dans cet esprit que le Président de la République a indiqué vouloir revoir les critères d’attribution du bonus écologique pour mieux prendre en compte l’empreinte carbone des véhicules.

Seulement, malgré le succès des aides déployées, l’acquisition de ce type de véhicule reste encore trop coûteux pour une partie de la population. C’est aussi ces usagers qui ont le plus besoin d’un véhicule pour se déplacer et pour travailler. C’est dans cet objectif que nous défendons la nécessité d’un système de leasing social. Ce dispositif permettra aux ménages modestes de louer une voiture électrique à 100€ par mois. C’est une mesure environnementale et de justice sociale.

La mise en place d’un tel dispositif permettra également d’apporter une solution concrète aux ménages modestes qui pourraient être exclus des Zones à faibles émissions mobilités, dites ZFE-m.
Il existe évidemment déjà des mesures d’accompagnement, comme le supplément à la prime à la conversion dans les ZFE-m. Cependant, ces solutions doivent être amplifiées afin d’atteindre nos objectifs de décarbonation et rendre cette transition accessible pour l’ensemble des Français.

Concernant les ZFE-m, les interrogations qu’elles soulèvent sont symptomatiques des difficultés à mettre en place des politiques publiques acceptables par tous. Aujourd’hui, la question n’est plus de démontrer l’utilité des ZFE-m afin de diminuer la pollution de l’air, mais bien de préparer les conditions permettant leur mise en œuvre dans les meilleures conditions. Les collectivités ont bien entendu un rôle important dans ce processus et doivent avant tout donner de la lisibilité pour permettre aux usagers de s’adapter et d’anticiper les changements.

En effet, cette transition est un bouleversement pour les particuliers mais surtout pour les professionnels. Nous souhaitons, là encore, les accompagner au mieux pour ne pas les laisser de côté. Nous devons ainsi promouvoir les énergies de demain, telles que l’hydrogène et celles déjà en place avec le bioGNV. Quand cela est adapté à l’usage du véhicule, le rétrofit est également une solution encore trop peu plébiscitée. C’est pourquoi le gouvernement a annoncé, en début d’année, un plan pour renforcer la filière d’électrification des véhicules thermiques. L’objectif est d’accélérer cette filière, tout en augmentant l’offre sur le marché pour les voitures et les camions. Ce plan entend, notamment, augmenter les aides à l’achat de véhicules rétrofités pour les particuliers et les professionnels. L’ensemble de ces changements nécessitent en parallèle des financements conséquents pour développer la recherche.

Je pense aux artisans mais aussi aux transporteurs routiers, pour qui le report modal devient une nécessité pour se conformer aux nouvelles réglementations, mais aussi pour réduire leurs coûts. Pour cela, le report vers le fret ferroviaire et fluvial doit être encouragé et accompagné davantage.

Le secteur se transforme, nous l’accompagnons. Pour cela, nous ne pouvons omettre la nécessité de réindustrialiser notre pays, tout en favorisant des activités plus décarbonées pour notre économie. Le projet de loi Industrie verte, qui sera examiné cet été à l’Assemblée nationale, va dans ce sens. Cette transformation concerne bien entendu le secteur des transports et s’illustre parfaitement dans la nécessité de développer une filière française et européenne en matière de batteries électriques. Les investissements faits en ce sens permettent d’engager la transition de notre industrie et du secteur des transports tout en étant source de création d’emplois pérennes. Ce type de projets où les aspects sociaux, environnementaux et économiques vont de pair, est la définition même du développement durable dans lequel nous devons nous inscrire.

L’objectif est maintenant d’avoir un calendrier précis, afin de figer dans le temps notre vision de la transition du secteur et la manière dont nous l’accompagnerons. En tant que parlementaire, je défends bien évidemment la nécessité d’une loi de programmation des mobilités, afin que le législateur puisse prendre toute sa part. Nous démontrerons ainsi que, face à l’importance de l’enjeu, nous mettons de côté les clivages politiques.

C’est un défi immense puisqu’il s’agit de transformer en profondeur nos modes de déplacements. Cette transition sera une réussite si elle est inclusive et acceptable pour tous nos concitoyens. Nous nous y employons.

 

 

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