Jean-Claude-Bailly
Jean-Claude Bailly
PDG de Navya Mobility

Entretien avec Jean-Claude Bailly, PDG de Navya Mobility

Quelle la situation actuelle de Navya Mobility ? 

JCB : A la suite de différentes opérations, l’actionnariat a changé. Désormais la société est détenue par le japonais Macnica qui vient d’ouvrir le capital à NTT Ouest, un opérateur japonais de télécom qui prend 30 % des parts. L’actionnariat est 100 % japonais, mais il n’y aura pas de délocalisation. La production a repris avec toujours le R&D à La Défense. Désormais, on travaille sur deux axes, les navettes autonomes et la logistique avec Charlatte. On a créé une joint-venture dans laquelle Navya possède 51 %. 

Et pour les navettes ?

On atteint le niveau L4 sur site fermé. Notre axe prioritaire pour le moment, c’est la logistique, notamment aéroportuaire ou encore sur des sites industriels. Dans ce cadre-là, la législation est différente, c’est la « directive machines » qui s’applique. Au Japon, c’est différent, on avance beaucoup. On est en L4 sur certaines parties des circuits. Le gouvernement a même lancé un plan pour 100 grandes villes à équiper en mobilité autonome.  

Et en Europe ? 

C’est davantage lié aux cas d’usage. Il y a des choses qui se font, mais c’est encore lent. Ça avance plutôt étape par étape. Ensuite la réglementation va évoluer, c’est normal. Pour le moment, notre objectif est de capturer les marchés qui sont accessibles et ils le sont en L4 au Japon bien sûr, mais aussi aux Etats-Unis notamment dans le Middle West. En Europe, on s’est un peu trop concentré sur la route ouverte au détriment des sites fermés. 

On abandonne la route ouverte ? 

Il y a un gros travail de R&D pour aller sur route. Il faut proposer des solutions viables, notre produit ne demande qu’à être développé. En attendant, on optimise nos solutions sur la logistique. On ne veut pas être simplement un laboratoire de recherche en attendant l’évolution de la législation. On veut être une entreprise utile dès aujourd’hui. Economiquement, c’est intéressant et c’est rentable. Il y a beaucoup de débouchés. En Suisse, on a eu des navettes qui ont tourné 3 ans sur le site d’un hôpital en autonomie à 98 %. L’opérateur à bord n’intervenait jamais.  

Comment voyez-vous l’avenir du secteur ?

Sur route, on continue. Le niveau L4 peut être atteint dans certains pays. Notre objectif, c’est bien sûr de fonctionner sans opérateur. On cherche aussi à augmenter la vitesse des navettes qui roulent aujourd’hui à 20 km/h. Nos navettes ont la bonne taille en terme de capacité. Elles répondent parfaitement à certains enjeux comme les pénuries de conducteurs. C’est particulièrement vrai au Japon où elles apportent une solution à des besoins très précis comme le TAD. Dans ce contexte, l’absence de conducteur ne détruit pas des emplois. D’autant que la suppression du conducteur n’est pas une fin en soi. L’objectif, c’est aussi d’améliorer la sécurité en évitant les défaillances humaines 

 

PL

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