Le constructeur Iveco a dévoilé cette semaine à Lyon la version électrifiée de son autocar à succès, le Crossway qui jusqu’ici avait l’objet d’opération de retrofitage menée par des artisans spécialisés. Offrant une autonomie de moins de 500 km, celui-ci témoigne de la préparation du constructeur à l’obligation de ne vendre en 2035 que des autocars et bus à zéro émission en Europe où Iveco revendique une part de marché de 23%.
Autant la fin du thermique est vécue comme une contrainte par les européens autant elle constitue une aubaine pour les constructeurs chinois BYD et Yutong qui trouvent l’occasion de faire valoir leur maturité technologique et des prix hors compétition.
Si le Crossway Elec sortira des chaînes de l’usine de Vysoke Myto en République tchèque, en France l’Italien monte en puissance avec l’électrification de son usine phare d’Annonay consacrée aux bus. Il a commencé ces dernières semaines à y fabriquer ses propres batteries de dernière génération, en plus de produire depuis cette année des véhicules zéro émission. « Leur production était jusqu’ici assurée par le seul site de Rorthais (Deux-Sèvres). Les lignes accueilleront aussi la production des nouveaux modèles à pile à combustible » indique le constructeur.
Au total, Iveco a engagé un plan de plusieurs centaines de millions d’euros en Europe dont 200 millions en France pour développer une plate-forme de véhicule propre. Cette stratégie industrielle territoriale sert une stratégie commerciale axé sur la proximité avec les acteurs du marché local (élus locaux, Etat etc.)
« Nous sommes les seuls acteurs à avoir investi autant en Europe, sans nous délocaliser sur les marchés low cost. Comme nous ne pouvons pas lutter sur les prix, nous misons sur la connaissance du marché, la capacité à apporter des services là, un domaine où certains se sont casser les dents » expliquait Domenico Nucera, le président d’Iveco Bus à l’occasion du salon EuMo de septembre 2024 où l’entreprise avait déployé plusieurs dizaines de collaborateurs sur son grand stand. Avec 47 % de part de marché en France l’industriel a gros à perdre.
Marc Fressoz