«Nous avons fait le RER sur le ferroviaire, il faut maintenant créer le réseau CER, le car express régional!», lance Valérie Pécresse. La présidente de la Région Ile-de-France et d’Ile-de-France Mobilités a commandé au président du conseil départemental de l’Essonne, François Durovray, un rapport sur cette offre de mobilité complémentaire au futur métro du Grand Paris Express (GPE) et aux réseaux existants de métro et de trains régionaux Transilien. L’objectif est de mailler le territoire pour proposer aux habitants de la grande couronne et des zones peu denses de l’Ile-de-France une alternative compétitive à leur voiture. Une nécessité face à la mise en place de la zone à faible émission délimitée par l’A86, mais aussi en réponse aux problèmes de pouvoir d’achat des ménages. Le rapport, conduit sous la houlette de François Durovray, identifie une cinquantaine de lignes pour un linéaire de 1.500 km environ, qui devrait être mis en service en une dizaine d’années. Une phase d’étude plus détaillée doit permettre, d’ici la rentrée prochaine, d’affiner le projet pour retenir une quarantaine de lignes.
L’efficacité de ce réseau de cars express repose sur la qualité de service (confort, wi-fi à bord, cadencement), sur un temps de trajet garanti, et sur des interconnexions rapides avec les réseaux structurants. Il faudra donc des voies réservées sur une partie des trajets, pour éviter aux cars express de s’engluer dans les bouchons franciliens, et une douzaine de hubs, aussi bien en périphérie qu’en correspondance avec certaines gares du GPE. La voie réservée n’étant pas indispensable sur la totalité des parcours, le linéaire total serait de 100 à 120 km. Pour cela, les concessionnaires d’autoroute sont prêts à proposer des solutions, et certains l’ont d’ailleurs largement fait savoir, à l’instar d’André Broto, ex-directeur de la prospective de Vinci Autoroutes. Mais la difficulté principale est plutôt d’ordre institutionnel : il s’agit de transférer à IdFM la compétence sur les routes nationales. Cette disposition, qui permettrait d’unifier la maîtrise d’ouvrage, avait été envisagée lors du débat sur la loi 4D (décentralisation, différenciation, déconcentration et décomplexification) en 2021, mais finalement rejetée.
Le montant à investir est évalué à 1 Md€, à part égale entre les aménagements des gares et des voies. Quant aux véhicules, il faudra en acquérir environ 500, à comparer au parc régional de 10.000 unités. Pour le financement, la piste privilégiée est celle d’une enveloppe de 100 M€ dans le futur CPER. Second choix : recourir à la taxe spéciale d’équipement, dont une partie est déjà fléchée vers le Grand Paris Express. Mais Valérie Pécresse rappelle que, sur la question des financements, elle attend toujours la proposition de l’Etat suite aux réflexions lancées en début d’année. La dette d’Ile-de-France Mobilités atteint près de 9 Md€, dont 1,9 Md€ d’avances remboursables liées à la crise sanitaire, pour un budget de 11 Md€. «Le transport en grande couronne francilienne est une priorité écologique et sociale, insiste Valérie Pécresse. Il faut se rappeler que le mouvement des Gilets jaunes a démarré en Seine-et-Marne…» La présidente de la Région en profite au passage pour évoquer la consultation lancée par la Vile de Paris sur le boulevard périphérique. «Avant de s’interroger sur l’avenir du boulevard périphérique, il faut d’abord régler les problèmes de transport de la périphérie, renchérit François Durovray. Et c’est bien avant l’arrivée sur Paris qu’il faut donner aux gens la possibilité de lâcher leur voiture.»
Sandrine Garnier