La ligne 15 Sud du Grand Paris Express vient de franchir une étape symbolique avec le 1er roulage d’une des futures rames de métro automatique qui doivent entrer en service dans deux ans entre les stations Pont de Sèvres et Noisy-Champs. Organisé sur le site de maintenance et de remisage de Champigny-sur-Marne, l’évènement a permis de donner à voir les avancées d’un projet au long cours, initié il y a maintenant plus de dix ans par le Président Nicolas Sarkozy, et dont la version initiale et très surplombante, conçue par Christian Blanc, avait été adaptée et territorialisée pour répondre aux demandes de la Région, alors présidée par le socialiste Jean-Paul Huchon. Les échéances électorales ont depuis largement contribué à renouveler les responsables politiques, tout en renforçant l’ancrage d’un projet de transport qualifié par Valérie Pécresse de «travail collectif». La présidente de Région et d’Ile-de-France Mobilités a d’ailleurs évoqué Orbival et rendu hommage à l’engagement de Christian Favier, ancien président communiste du conseil départemental du Val-de-Marne, et de l’ensemble des élus val-de-marnais en faveur de cette ligne 15 Sud issue d’un projet baptisé Orbitale, qui avait été inscrit au schéma directeur régional au siècle dernier… en 1994!
Le GPE traduit dans les transports une vision globale et polycentrique de l’Ile-de-France, en proposant (enfin!) des liaisons performantes de banlieue à banlieue, avec un niveau d’ambition «sans équivalent en Europe», a souligné Jean-François Monteils, président de la Société du Grand Paris. Une ambition dont le prix (38 Md€ pour 200 km de voies nouvelles et 70 gares) reflète aussi le poids de la région capitale dans l’économie française. Un projet hors normes qui va nécessiter à terme 1 milliard d’euros par an pour assurer son fonctionnement, un coût supporté à la fois par les collectivités locales, l’Etat, les usagers, mais surtout les entreprises, qui représentent déjà 48% du financement total du réseau de transports publics dans la Région. C’est précisément ce schéma que le ministre des Transports, Clément Beaune, souhaite voir transposer aux grandes villes françaises pour financer les Services express régionaux métropolitains, grâce au savoir-faire de la SGP, devenue société des grands projets. Reste à savoir si les recettes franciliennes (taxe spéciale d’équipement, modulation de la taxe sur les bureaux, et hausse du versement mobilité) pourront s’appliquer autour des grandes métropoles avec des rendements comparables.
Autre sujet d’interrogation: la capacité d’Alstom à fournir le nombre de rames commandées (27 pour la ligne 15 Sud, et une centaine en tout pour les trois lignes 15, 16 et 17 du GPE, pour un montant de 1,3 Md€) dans les délais convenus. «Le marathon n’est pas terminé», a lâché Valérie Pécresse, qui attend les nouveaux matériels «à l’heure». Le constructeur ferroviaire doit en effet livrer deux rames par mois à compter du second semestre 2024 pour la ligne 15 Sud, de façon à effectuer les essais dynamiques, puis une période de marche à blanc avant la mise en service. La ligne 15 Sud sera alors opérée par le groupement ORA L15, formé par RATP Dev, Alstom et Comfort DelGro.
Sandrine Garnier