«L’électrification massive n’est pas la seule solution pour combattre les technologies basées sur l’énergie fossile, indique Luca di Meo, patron de Renault et président de l’ACEA. L’Europe est la seule région du monde à abandonner le principe de neutralité technologique pour élaborer son cadre réglementaire.» Face au blocage du Règlement CO2 par quatre Etats membres de l’UE (Allemagne, Italie, Pologne, Bulgarie), le monde automobile joue sur du velours. Les négociations se poursuivent depuis l’abandon du vote initialement prévu le 10 mars au Conseil de l’Europe sur le calendrier de l’abandon du thermique. Les opposants, Allemagne en tête, réclament la prise en compte de solutions diverses comme les carburants de synthèse ou les biocarburants, au côté de l’électrification. Porsche et Ferrari ont notamment mené des recherches sur les e-fuel, qui restent encore au stade expérimental, et dont l’efficacité énergétique doit être améliorée. L’objectif est de diversifier les alternatives au thermique fossile dès maintenant, sans attendre la clause de revoyure fixée à 2026.
Sans aller jusqu’à remettre en cause les objectifs de décarbonation, le secteur a beau jeu de souligner les limites du tout-électrique, de la souveraineté industrielle aux défis énergétiques, en passant par l’acceptabilité sociale et le pouvoir d’achat des ménages. Et les récentes décisions de Volkswagen, concernant la construction d’usine de batteries en Ontario et la mise en pause d’une partie des projets en Europe, ont alimenté le doute. L’Asie n’est pas le seul concurrent pour l’Europe, face à l’attrait de l’Amérique du Nord, avec son marché dynamique, des subventions confortables, et une réglementation plus souple. Pour parvenir à un accord européen, le Gouvernement français est appelé «à se positionner en faveur d’un cadre réglementaire clair et sécurisant pour l’ensemble des acteurs, ouvert à toutes les solutions technologiques alternatives, et à prévoir un plan d’accompagnement dans cette transition tant pour les entreprises que pour les consommateurs», indique Mobilians, qui représente les activités de vente, réparation automobile. Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, va réunir l’ensemble de la filière automobile le 21 mars.
S. G.