«Même si le ferroviaire peut être considéré comme un mode de transport « intrinsèquement vertueux » du point de vue de l’efficacité énergétique et des émissions de GES, nous considérons que la filière doit être exemplaire et afficher de fortes ambitions», annoncent la SNCF et la FIF dans leur livre blanc intitulé «Décarboner le transport en France: la voix du ferroviaire», présenté le 5 octobre. «Ce livre s’adresse à toutes les parties prenantes, l’Etat, les Conseils régionaux, nos fournisseurs, nos clients pour crédibiliser et factualiser cette dynamique mais aussi inspirer et stimuler avec toutes les actions déjà mises en place», explique Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF, dans ce livre blanc.
Le document de 92 pages recense les principaux gisements de décarbonation vus sous l’angle de la SNCF: les émissions directes liées principalement à la traction des trains (scope 1); la production de l’énergie nécessaire à l’activité ferroviaire (scope 2); la production des fournitures et prestations achetées auprès des industriels pour l’activité ferroviaire hors énergie (scope 3), qui représentent l’essentiel du bilan carbone de la SNCF (82%). Ce sont au total une soixantaine d’actions qui sont listées. Dans ce livre blanc, la filière prend deux engagements pour accélérer la décarbonation du secteur: la mise en place dès 2023 d’un comité de pilotage co-animé par la SNCF et la FIF intégrant les grands industriels du secteur ferroviaire et les grands opérateurs, et l’établissement d’une feuille de route décarbonation. Ce comité de pilotage, qui s’inscrit dans le cadre du Comité stratégique de la filière ferroviaire (CS2F), aura notamment pour mission de soutenir et promouvoir la mise en œuvre de plans d’action de décarbonation.
Parallèlement, la feuille de route de décarbonation de la filière ferroviaire, qui n’est pas exigée par l’Etat, doit notamment permettre de définir la trajectoire de décarbonation et les objectifs de réduction de GES en rapport avec les engagements pris par la SNCF. Rappelons que, début 2021, l’opérateur a annoncé une réduction de son empreinte carbone de 30% sur ses activités ferroviaires et de 50% sur l’immobilier à horizon 2030 par rapport à 2015. Des ambitions concrétisées par exemple dans le TGV M présenté le 6 octobre: un matériel roulant recyclable à 97%, près de deux fois plus capacitaire que les rames actuelles et dont la consommation d’énergie devrait être inférieure de 20%. Ainsi, cette feuille de route vise notamment à mettre en place des plans d’actions adaptés aux spécificités, à la taille et aux capacités des différents acteurs.
La SNCF et la FIF avertissent que la réussite de cette démarche dépendra de la mise en place de filières énergétiques adaptées comme la production et la distribution du carburant alternatif innovant de transition ou la production et distribution d’hydrogène vert. Enfin, la SNCF et la FIF soulignent que le développement de la part modale du ferroviaire, gage de la décarbonation du secteur du transport, passe par deux «prérequis fondamentaux» : l’augmentation de la capacité et la productivité du réseau ferré, et l’amélioration de l’attractivité du train…
Florence Guernalec