La fermeture de gare routière de Bercy Seine «après les JOP 2024» a été confirmée le 7 septembre par Emmanuel Grégoire, 1er adjoint à la maire de Paris, Anne Hidalgo. Plus précisément, à partir de la fin de la concession actuelle, en 2026, Bercy Seine n’accueillera plus les cars express longue distance de FlixBus et Blablacar, qui seront redéployés vers d’autres hubs situés en dehors de Paris. Et Bercy Seine aura vocation à assurer l’accueil des cars de tourisme. Du côté des opérateurs de cars SLO, la nouvelle ne suscite pas l’enthousiasme. «Nous avons été informés par voie de presse. Nous sommes surpris par le calendrier envisagé par la Ville de Paris», indique Charles Billiard, porte-parole de FlixBus, qui réfute les allégations concernant les incivilités et l’insécurité. «En tant qu’opérateur, nous ne sommes pas en charge de la sécurité publique, poursuit-il, précisant que FlixBus consacre tout de même 100.000€ par an à la sécurisation.» De plus, FlixBus et Blablacar paient chacun 2 M€ par an pour l’utilisation de cette infrastructure, indispensable à l’organisation de leur activité en Ile-de-France.
Cette annonce s’inscrit dans une politique plus large de réorganisation des gares routières dans la région, menée avec Ile-de-France Mobilités, et articulée à la mise en place du futur réseau de lignes cars express locales. L’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) avait publié une étude sur la question au début de cette année. L’étude se base sur les chiffres de 2019, référence avant crise, le secteur ayant depuis rattrapé ce niveau d’activité.
Avec 26% des départs commercialisés pour 50% de la fréquentation totale, l’Ile-de-France est un maillon essentiel des SLO. Et le nombre d’arrêts réduit (16 au total en 2022, dont 10 dans le périmètre de la Métropole du Grand Paris) accroit la pression. 7 millions de personnes ont emprunté un autocar SLO en Ile-de-France en 2019. Cette année-là, 266.000 véhicules ont été recensés, dont 140.000 dans Paris, soit 52% des touchers de quai dénombrés dans la région. En moyenne, cela représente près de 800 autocars en circulation quotidiennement sur le réseau routier francilien, dont près de 400 vont déposer et reprendre des passagers à Bercy Seine. Or, selon les projections établies par l’État, le secteur devrait atteindre entre 20 et 25 millions de passagers à l’horizon 2030 en France, soit un doublement de la fréquentation actuelle. Les aménagements actuels ne sont pour la plupart pas conçus pour accueillir un public aussi nombreux et en hausse, pointe l’Apur.
Pour faire face à ces nouveaux flux, il faut donc réorganiser les gares routières et mieux structurer le maillage régional. L’Apur identifie les sites capables de s’adapter aux besoins: Champigny-sur-Marne, Orly, Roissy-Charles de Gaulle, Argenteuil, Pont de Sèvres ou encore Jules Verne à Courbevoie, permet d’entrevoir des potentialités fortes. De plus, ces localisations forment une rocade autour de Paris. Cette future organisation permettrait en outre de mieux articuler les arrêts desservis par les cars SLO avec les réseaux ferroviaire et massifié (Transilien, RER, métro), et celui des cars express régionaux, dont les premières lignes doivent être lancées en fin de cette année.
Sandrine Garnier