Didier COLIN
Didier Colin
Directeur général de l’Institut des routes, des rues et des infrastructures pour la mobilité (IDRRIM)

« Accroître et partager la connaissance des réseaux routiers »

L’observatoire national de la route permet aux collectivités, départements et intercommunalités, de d’évaluer leur action et de se comparer entre elles. Les gestionnaires publics peuvent ainsi mieux conduire leur politique d’investissements et d’entretien, indique Didier Colin, directeur général de l’IDRRIM.

Propos recueillis par Sandrine Garnier 

 

Mobily-Cités : L’Observatoire National de la Route a publié son 6e rapport en novembre dernier. Comment cet outil a-t-il évolué depuis sa création ? 

Didier Colin : Créé en 2016 à l’initiative de l’État, de l’ADF, de l’AdCF, de Routes de France et de l’Idrrim, qui en assure la mise en œuvre, l’ONR a publié son premier rapport en 2017. L’objectif de ce travail est de permettre aux gestionnaires d’infrastructures routières de partager la connaissance des réseaux, en établissant une sorte de benchmark. Les différentes collectivités concernées peuvent ainsi mieux évaluer le niveau de leurs dépenses d’investissement et de fonctionnement rapporté à l’état de leurs infrastructures, et surtout éviter d’accumuler ce que nous qualifions de « dette grise », c’est-à-dire un manque d’entretien et un sous-investissement qui entraînent à la fois de graves dégradations nécessitant un surcoût de travaux et bien souvent une interruption d’exploitation. 

La méthodologie a même été adaptée, et parfois adoptée, au sein des collectivités…

Auparavant, il n’existait pas d’outil permettant d’objectiver l’état des infrastructures routières. Le rapport ONR permet aux collectivités de définir une stratégie globale en fonction de la hiérarchisation de leur réseau routier. Nous avons développé en 2020 un outil informatique en concertation avec les collectivités, qui leur permet d’avoir accès à l’ensemble de leurs données, et peut donc servir de base dans les services techniques, par exemple pour la présentation des budgets. Certains ont d’ailleurs fait évoluer leur propre outil pour l’harmoniser avec la plateforme ONR. 

Comment s’effectue le recueil des données ? 

Nous ouvrons l’enquête de juillet à septembre à l’aide d’une application de saisie en ligne, puis les données recueillies sont analysées et mises en forme pour préparer la publication du rapport annuel à la fin novembre. Le document est disponible en pdf sur le site internet de l’IDRRIM, et nous diffusons également un certain nombre d’exemplaires papier auprès des élus et décideurs, de manière à faire sortir ce document de la sphère purement technique. Nous publions également en début d’année deux rapports complémentaires et confidentiels destinés aux départements et aux métropoles. 

Toutes les collectivités n’ont pas les mêmes capacités à répondre à ce questionnaire. Comment comptez-vous améliorer les taux de retours, notamment en provenance des communes ?

Une soixantaine de départements répondent chaque année. Mais nous constatons encore un faible retour de la part du bloc communal. Il apparaît que le questionnaire est sans doute trop détaillé pour des collectivités dont les services techniques ne sont pas aussi structurés que ceux des départements ou des métropoles. De plus, la nomenclature en usage dans les services départementaux ne correspond pas forcément à la culture des communes.

Nous préparons une version spécifique et simplifiée du questionnaire à destination des petites collectivités. Un étudiant de l’École des Mines en stage de thèse à Routes de France s’est consacré à cette question. Son travail a permis de tester un questionnaire spécifique dans deux départements, sur lesquels nous avons reçu 70 réponses. C’est un premier pas. 

Par ailleurs, nous renforçons nos liens avec certaines associations d’élus, comme l’association des maires ruraux, de manière à mieux toucher les petites communes. 

Ce travail permet-il également de mieux cerner les enjeux liés au réchauffement climatique ? 

Même si la thématique de la décarbonation est traitée par ailleurs au sein de l’IDRRIM, le volet résilience des infrastructures entre dans le scope de l’observatoire. Les sécheresses à répétition peuvent par exemple fragiliser les fondations de petits ouvrages d’art construits sur des fondations en bois immergées, qui se retrouvent à l’air libre du fait de la baisse des niveaux d’eau. Il est plus que jamais indispensable d’accroître les connaissances sur l’ensemble des ouvrages d’art. À cet égard, le travail mené dans le cadre du Programme National Ponts du Cerema est primordial. Nous en avons d’ailleurs inclus les premiers résultats dans le rapport ONR 2022. 

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Emilie Choulant

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