Réforme du stationnement payant en voirie, réduction de la circulation automobile en ville, électrification des véhicules, télétravail… les évolutions intervenues ces dernières années poussent les gestionnaires de parkings en ouvrage à diversifier leurs services. Présente à Paris et une partie de la Région Ile-de-France, la Saemes, société d’économie mixte contrôlée par la Ville de Paris, exploite environ 25.000 places de stationnement pour le compte de clients publics (collectivités locales, musées, APHP) et privés. Face à la baisse de fréquentation, qui reste inférieure au niveau de 2019 pour les clients occasionnels, la société explore d’autres vecteurs de valorisation du foncier dont elle a la charge, avec une créativité que vient brider la règlementation en vigueur. D’abord parce que les contrats de concession sont prévus pour l’exploitation de parkings, ensuite parce que les contraintes de sécurité incendie qui s’appliquent en sous-sol urbain sont fortes. Même la diversification vers la logistique urbaine est limitée, puisque les espaces dédiés à cette activité ne peuvent dépasser 200 m2 depuis 2010. Surtout, la hauteur sous-plafond rend l’accès impossible aux véhicules lourds dans la plupart des ouvrages.
La livraison de petits colis va toutefois se développer grâce au déploiement de casiers installés dans le cadre d’un partenariat avec la Poste. «Parce que nous sommes une SEM, nous portons des valeurs liées à l’inclusion et nous privilégions le volet social des projets que nous accueillons», souligne Ghislaine Geffroy, directrice générale de la Saemes. Autre piste explorée, celle des nouvelles mobilités. Covoiturage, stationnement sécurisé de deux-roues motorisés ou de vélos, avec des services complémentaires, comme une pompe haute pression, des casiers et la recharge des batteries des vélos à assistance électrique. Autant d’usages qu’il est plus facile d’accueillir, mais qui représentent aussi un potentiel de chiffre d’affaires additionnel plutôt modéré. «Les parkings apparaissent de plus un comme un outil au service des politiques de mobilité des collectivités», indique Ghislaine Geffroy. Certains parkings peuvent ainsi se transformer en bases arrière pour des services de mobilité partagée, comme les scooters en location Troopy, ou les vélos-taxis Turtle. Enfin, pour accompagner la demande croissante de la clientèle, la Saemes équipe ses parkings de bornes de recharge : 1100 points de charge 7 ou 22 kVA ont permis de réaliser 22.000 charges en 2022. 1500 seront disponibles à la fin 2023, et 2000 à la fin 2024.
Sandrine Garnier