Un vaste système de corruption sur les chantiers du tram de Bordeaux
Une quinzaine d’acteurs du BTP et de fonctionnaires de la Communauté Urbaine de Bordeaux (désormais Bordeaux Métropole) sont impliqués dans un système organisé de détournements de fonds. C’est l’épilogue d’une information judiciaire ouverte il y a 13 ans par un juge d’instruction après des soupçons de corruption portant sur des marchés publics de la CUB. Au cœur de l’affaire, l’important chantier du tramway avec ses trois lignes construites de front sur plusieurs dizaines de kilomètres. Une vingtaine de fonctionnaires de la CUB chargés de contrôler la conformité des chantiers, a été « arrosée » à l’aide de cadeaux en tous genres pour les rendre un peu moins zélés. Au catalogue de ces Pères Noël un peu particuliers, des voyages, des embauches de proches, des travaux réalisés à domicile, des appareils électroniques, autant de petites attentions qui finissent par atteindre des montants de plus de 1,5 M€. Pour ce prix, les fonctionnaires fermaient les yeux sur le respect du cahier des charges. Un système bien rodé qui a conduit à des surfacturations estimées entre 5 et 20 % selon les chantiers. D’autres entreprises ont bénéficié d’informations lors des procédures d’adjudication, leur permettant de s’aligner sur le moins disant, voire de s’entendre entre elles pour obtenir un marché. Une pratique loin d’être exceptionnelle, au point d’être devenue régulière pour ne pas dire systématique. Reste à savoir si cet argent sale a servi à financer des partis politiques ? Malgré de fortes présomptions, rien n’a pu être prouvé de façon formelle, laissant planer le doute. On en saura probablement davantage lors de l’audience attendue durant l’année prochaine, et qui pourrait bien avoir un certain impact sur les grands travaux de la métropole.
Pierre Lancien