Le spécialiste des navettes autonomes Navya va continuer sa route avec le Français Gaussin allié au Japonais Macnica, mais en s’écartant sans doute du marché du transport public initialement visé par les créateurs de la start-up. Le tribunal de commerce de Lyon a tranché mardi 18 avril en choisissant Navya, qui constituera avec Macnica une société à 51%-49%. But : donner une seconde vie à Navya, créée en 2014, et placée en redressement judiciaire depuis février. Le regroupement des activités de Gaussin et de Navya permettra de «créer le seul acteur économique au monde à combiner énergie propre et conduite autonome pour le transport de marchandises et la mobilité des personnes en zone fermée pour les ports, les aéroports et les centres logistiques», a défendu Gaussin devant les magistrats.
La PME d’Héricourt (Haute-Saône), qui conçoit et fabrique des engins de manutention, compte proposer une gamme «complète de véhicules électriques, à hydrogène et autonomes pour répondre aux besoins d’un marché à forte croissance, stimulé par la décarbonation et l’automatisation». Gaussin va transférer son équipe de conduite autonome à cette nouvelle joint-venture et acquérir le kit de conduite autonome développé par Navya, afin d’élargir son offre et de fournir des solutions clé en main pour des déploiements à grande échelle de ses propres véhicules autonomes, indique l’entreprise.
Autre précision apportée en matière de synergie : «Ce rapprochement rendrait possible un déploiement simultané des produits et services futurs à grande échelle chez les clients actuels de Gaussin dans les ports, les aéroports et les centres logistiques (Amazon, UPS, PSA Singapore, Holcim, Maersk, DP World, etc.) générant ainsi un chiffre d’affaires important et immédiat», peut-on lire dans le jugement du tribunal de commerce.
Quant au japonais Macnica, spécialisé dans les semi-conducteurs, produits de réseau, cybersécurité et IA/IoT et mobilité, il emploie près de 4.000 collaborateurs, dont plus de 1.000 ingénieurs, et son chiffre d’affaires 2022 dépasse les 7 Md€. Face au duo Electamobylis-Alten, également candidat à la reprise de Navya, Gaussin et Macnica ont été jugés plus solides financièrement, à même de garantir un apport de 25 M€ sur trois ans, dont 15 M€ la première année. En outre, le prix de rachat des actifs est plus élevé de 1 M€. Si Gaussin et Macnica reprennent la quasi-totalité des contours de l’ex-Navya, ils ne conserveront que 143 salariés sur 203. La nouvelle coentreprise vise un chiffre d’affaires de 23 M€ dès la première année, principalement à l’export.
Marc Fressoz