Le groupe CBM, spécialisé dans les pièces détachées pour bus et cars, vient d’entrer au capital de Retrofleet en tant qu’actionnaire majoritaire. Un changement d’échelle qui marque une nouvelle étape dans le développement de la start-up savoyarde . «CBM nous a fait prendre conscience de la profondeur du marché. Son entrée au capital va nous permettre de nous organiser pour produire de grands volumes, mais aussi avoir les bons relais et des liens de qualité avec les clients, souligne Emmanuel Flahaut, président-fondateur de Retrofleet. Mais fondamentalement, cela ne change pas nos projets de développement. Nous visons d’ici quelques années une production de 500 à 1.000 véhicules rétrofités par an, des cars et des utilitaires de 3,5 t à 7 t de type Iveco Daily.» L’entreprise a livré à ce jour une dizaine d’autocars rétrofités électriques en France, et une centaine sont en commande cette année. CBM, qui vient de racheter l’entreprise Besset, installateur des kits de rétrofit proposés par Retrofleet, complète ainsi son offre en direction des autocaristes.
En plus des deux sites actuels de Goussainville et Villeurbanne, une nouvelle implantation de transformation des véhicules va être inaugurée dans les Pays de la Loire, où se trouve le siège de CBM (au Mans) pour compléter le maillage territorial. Dans le Sud-Ouest et les Hauts-de-France, les installations resteront effectuées par les partenaires locaux, dont Bacqueyrisses. L’alliance avec CBM, implanté à l’international, va aussi permettre à Retrofleet d’atteindre plus facilement les marchés étrangers, notamment l’Italie, considérée comme l’un des plus gros potentiels. En Europe, le marché des autocars rétrofitables est estimé à 600.000, dont 60.000 en France.
Au printemps 2023, Retrofleet a été le premier à obtenir une homologation pour sa solution de rétrofit électrique adaptée au modèle Iveco Crossway. Une 2e solution est en cours de mise au point, adaptée cette fois-ci au Mercedes Intouro. «Le rétrofit du Mercedes Intouro va entrer en phase d’homologation à la fin de l’année 2024. Cette démarche nous permet également d’améliorer notre kit de rétrofit, notamment pour raccourcir les délais de mise en place», précise Emmanuel Flahaut. Un rétrofit électrique à batteries, technologie qu’Emmanuel Flahaut juge compatible avec les contraintes économiques des transporteurs, contrairement au rétrofit hydrogène avec pile à combustible. Aux coûts de transformation du véhicule, il faut en effet ajouter ceux des infrastructures de charge. Or, «une borne de charge électrique adaptée à un car scolaire coûte 1.000€, alors qu’il faut investir 1 M€ pour s’équiper d’une station hydrogène», indique-t-il, en soulignant le prix prohibitif du kilo d’hydrogène vert. Retrofleet propose d’ailleurs des stations de charge, mais aussi des solutions de pilotage de la charge et de maintenance, via son activité Mona Energy.
Un véhicule rétrofité équipé de l’ensemble des solutions issues des savoir-faire du groupe (Stimio sur la donnée, Besset sur la carrosserie et l’installation du kit de transformation) sera présenté au Salon Next Mobility de Milan du 8 au 10 mai.
Sandrine Garnier